C'est en 2009 que la Belgique a saisi la CIJ, la Cour internationale de justice, lui demandant de régler son différend avec le Sénégal au sujet d'Hissène Habré. A l'époque, Bruxelles avait déjà demandé à Dakar de lui confier l'ancien dirigeant tchadien pour qu'il puisse être jugé, si le Sénégal ne s'en chargeait pas lui-même. Depuis, la Belgique a déposé trois autres demandes d'extradition, toutes restées sans réponse.
Alors aujourd'hui, les victimes du régime tchadien des années 1980 et l'ONG, Human Rights Watch, qui militent depuis des années pour la tenue d'un procès de l'ex-président Habré, attendent avec espoir la décision de la CIJ. Reed Brody, de Human Rights Watch s'en explique : « La convention contre la torture oblige un Etat sur le territoire duquel se trouve un présumé tortionnaire soit à le juger soit à l’extrader. Le Sénégal a dit publiquement qu’il ne le jugera pas, son obligation est de l’extrader. Le comité contre la torture des Nations unies et les commissaires ont déjà condamné le Sénégal. Maintenant une décision de la CIJ pourrait être contraignante pour le Sénégal ».
Encore faudra-t-il que la décision de la CIJ soit effectivement favorable à la Belgique. Et puis il restera à l'appliquer. Les arrêts de cette Cour sont définitifs et obligatoires, et le Conseil de sécurité de l'ONU peut être saisi pour exiger leur mise en oeuvre. Dans ces affaires, en définitive, beaucoup reposent sur la volonté politique. Or, si des pays comme le Nigeria,-qui a rendu au Cameroun la péninsule de Bakassi-, ont respecté les décisions de la CIJ, d'autres, comme les Etats-Unis de Reagan, avaient refusé de céder face au Nicaragua qui les accusait de soutenir les rebelles des Contras.