Avec nos envoyés spéciaux en Libye,
Dans le palais de justice face à la corniche, des hommes vêtus de toges blanches évoquant les martyrs ont scandé « que tu le veuilles ou non Benghazi est la flamme » tandis que des écoliers, déguisés en anges blancs, défilaient sur le boulevard dans un concert de klaxon assourdissant.
L’ambiance est bon enfant, même si les milices fouillent les coffres des voitures aux nombreux check-points qui ont refait surface ces dernières 24 heures, pour défendre la révolution du 17 février. Les habitants de Benghazi sont fiers d’avoir mis en marche l’insurrection, mais la liberté chèrement acquise n’a pas épongé leur soif d’un changement profond dans la Cyrénaïque que Moummar Kadhafi avait négligée.
« Quand le CNT a déménagé ses bureaux à Tripoli, il nous a tout simplement oubliés, le pouvoir est concentré à Tripoli comme avant», proteste Imane Bughaigis, révolutionnaire de la première heure. Depuis quatre mois Yahya Fayd et d’autres étudiants organisent des manifestations sur la place des arbres.
« Nous avons fait la révolution pour renverser Kadhafi, ajoute Yahya Fayd, mais aussi son régime, donc ses anciens ministres qui sont encore au pouvoir on les remercie, mais ils doivent rentrer chez eux ». Yahya Fayd ne dit pas au patron du CNT, Conseil national de transition, Moustapha Abdeljalil, de dégager, mais c’est tout comme.
Par ailleurs, à Benghazi ce vendredi, une réunion est prévue en présence du chef du CNT. La veille, Moustapha Abdeljalil s'est exprimé lors d'un discours télévisé à la nation. Il a prévenu qu'il serait « ferme envers ceux qui menacent la stabilité de la Libye ».