C'est aujourd'hui le général de division Youssef Mangush qui dirige l'armée libyenne. Son nom ne fait pas l'unanimité dans les rangs des ex-rebelles, mais il a l'avantage d'avoir de l'expérience. Chassé de l'armée par Mouammar Khadafi, il y a une dizaine d'année, il revient aujourd'hui sur le devant de la scène. C'est le cas, d'un bon nombre de cadres de la nouvelle armée libyenne, écarté par l'ancien pouvoir.
Contrairement à ce qui s'était passé en Irak en 2003, les structures de l'armée libyenne n'ont pas été démantelées après la chute du régime, précise une source militaire française à Tripoli. Les gradés qui avaient soutenu le colonel Kadhafi ont été chassés, les autres ont pu rester en poste. A cela s'ajoutent les soldats entrés en rébellion, et les combattants de tout bord qui aujourd'hui réclament des postes au sein de l'institution
L'armée libyenne de 2012 est donc une armée qui manque de cohérence, mais qui se reconstruit sur le modèle occidental avec l'aide des pays ayant participé à la coalition et notamment de la France qui a travaillé au déminage et au nettoyage des ports libyens. Une armée libyenne, au format réduit et recentrée sur des missions de protection du territoire, les gardes-frontières, autre corps hérité du système Khadafi étant appelé à jouer d'avantage un rôle de sécurité intérieure.
Côté matériel
Selon les estimations, l'armée de l'air libyenne a perdu 75% de son aviation. Dès le début des frappes de l'Otan, les bases aériennes kadhafistes ont été prises pour cible. Seuls des hélicoptères, et des avions de transports ont été épargnés. Deux Mirage F1 libyens, sont toujours stationnés à Malte où leurs pilotes avaient fait défection dès les premiers jours de la révolte.
Ces avions ont été pris en charge par des techniciens du CNT, et pourraient prochainement rentrer en Libye. La France fournira une aide technique si les Libyens en font la demande, précise.une source militaire française.
La marine a perdu 60% de ses capacités. Au moins une vedette rapide et une frégate d'origine russe ont été détruites dans le bombardement du port de la capitale. En revanche une autre frégate du même type et une corvette étaient à l'abri dans le port de Benghazi et n'ont pas été touchées.
Les cargos militaires de Tripoli, eux, ont été sabotés par leurs équipages. L'Otan avait cherché dans les premières semaines à épargner les patrouilleurs kadhafistes, compte tenu du rôle que la marine libyenne pourrait être amenée à jouer après la chute du régime dans la lutte contre l'immigration clandestine.
L'armée de terre, elle, a perdu des centaines de blindés durant les mois de conflit, mais des sources militaires occidentales soulignent que le colonel Kadhafi avait accumulé une quantité invraisemblable de matériels militaires dans ses casernes, matériels plus ou moins bien entretenus et qui avaient déjà souffert de l'embargo international imposé à la Libye durant 20 ans.