A l’université de Juba, un groupe d’étudiants discutent, assis sur un banc dans la cour. La guerre des mots entre le Soudan et le Soudan du Sud n’est pas une nouveauté. Et si récemment l’escalade verbale a atteint un niveau sans précédent, personne ne croit à une confrontation militaire à grande échelle.
« Nous avons été en guerre pendant presque 50 ans. Juste après avoir enfin gagné son indépendance, nous ne pensons pas que le Soudan du Sud puisse retomber dans la guerre. Il faut résoudre ces questions de manière pacifique », assure un des étudiants.
Plus qu’un conflit armé, leur préoccupation principale est la suspension de la production de pétrole qui si elle se poursuit aura des conséquences dramatiques pour la population.
« Bien sûr que nous sommes inquiets, fait remarquer un jeune homme, nous ne voulons pas retourner en guerre. Déjà, le commerce est paralysé, les marchandises ne peuvent pas atteindre le Sud, ce qui a des conséquences sur notre quotidien. Et puis il y a le pétrole qui reste bloqué ». « Cela va créer beaucoup de difficultés, complète un autre membre du groupe, notre gouvernement n’a pas assez préparé la situation. La conséquence c’est qu’il n’y aura plus de salaires. Nous n’avons pas d’autres sources de revenus ! Seulement le pétrole ! Je les supplie de trouver un compromis pour ne pas mettre en danger la vie des civils ».
Les recettes pétrolières représentent 98% des revenus du Soudan du Sud, dont la production est interrompue depuis le 20 janvier.
Cette année, le déficit céréalier équivaut à 50% des besoins au niveau national. Le gros du commerce transfrontalier avec le Nord est interrompu depuis juin l’année dernière.
Selon l’ONU, ce sont plus de cinq millions de personnes qui risquent d’avoir besoin d’une aide alimentaire cette année dans le pays.