Avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti
La loi de l’Etat d’urgence est levée sauf pour les « Baltagui ». Un terme égyptien flou signifiant littéralement « le porteur de hache » et qui couvre des crimes allant du racket à l’agression à main armée contre les personnes et les biens.
C’est sous cette accusation que douze mille personnes ont été condamnées, l’année dernière, par des cours martiales à des peines allant de trois à quinze ans de prison. Parmi eux figuraient des manifestants et des blogueurs comme Maïkel Nabil. Ce dernier et deux mille autres ont été libérés ces derniers jours à la faveur d’une grâce décrétée par le maréchal Tantaoui.
La loi de l’Etat d’urgence, établie pour la première fois après le coup d’Etat de 1952, a été maintenue de manière quasi ininterrompue en Egypte durant soixante ans. Elle visait d’abord à lutter contre « les réactionnaires » de l’ère monarchique. Elle a ensuite été justifiée par les guerres contre Israël, le terrorisme et même la lutte contre le trafic de drogue. Elle permettait aux autorités d’arrêter quiconque sans acte d’accusation et de le maintenir en détention pour des périodes illimitées.