Huit voitures remplies d’explosifs ont été découvertes dans plusieurs quartiers de Kano, selon une information fournie par un haut responsable de la police, sous couvert de l’anonymat, à l’AFP. « Nous faisons toujours face à de sérieuses menaces sécuritaires », a-t-il ajouté. Un peu plus tard, il a fait état de la découverte d’une centaine d’engins piégés retrouvés également à Kano et notamment « beaucoup de bombes non explosées retrouvées autour du quartier général de la police » de la ville.
Cette découverte intervient trois jours après des fusillades et une série d’attentats à la bombe à Kano, la deuxième ville du pays. Ces attaques ont tué plus de 160 personnes, selon une source policière. De source médicale, un bilan, encore provisoire, fait état de 185 morts.
Renforcer la sécurité
Ce lundi matin à Kano, des centaines de fonctionnaires et de responsables religieux ont prié pour la paix dans une grande mosquée de la ville. Hier, dimanche, le président nigérian Goodluck Jonathan s’est rendu à Kano et a promis de traquer les auteurs des attaques et de renforcer la sécurité dans la ville. Il a rendu visite au principal chef traditionnel musulman de la région, l’émir Ado Bayero, et assuré que les personnes soutenant Boko Haram seraient démasquées et traduites en justice. « Ceux qui les encouragent, ceux qui les aident, devront rendre des comptes », a-t-il dit. L’émir, de son côté, a demandé au chef de l’Etat de renforcer les effectifs de police.
Selon des habitants de Kano, joints dans la journée par RFI, les gens se sont rendus à leur travail ; les banques et les marchés ont ouvert mais l’inquiétude demeure. « Les habitants ont la peur au ventre », a constaté un homme d’affaires de la ville.
Le président Goodluck Jonathan a tenu à se rendre dans l’un des huit sites visés par les kamikazes vendredi dernier. Il s’est notamment déplacé à un commissariat de police où il a déclaré que « les terroristes devaient certainement bénéficier d’aides financières de l’étranger » sans plus de précisions.
Pas de répit
Boko Haram avait déjà revendiqué l’attaque contre une église catholique proche de la capitale fédérale, Abuja, le jour de Noël dernier. Quarante-quatre fidèles avaient trouvé la mort. Depuis, le groupe islamiste n’observe pas de répit. Après les attaques de vendredi, hier, dimanche, des explosions se sont produites dans deux églises de Bauchi, également dans le nord du Nigeria. Aucun bilan n’a été avancé mais l’un des deux édifices a été complètement détruit.
Cette recrudescence des violences dans un pays divisé entre un Nord essentiellement musulman et un Sud à majorité chrétienne fait craindre un conflit religieux plus important au Nigeria. Pour le dignitaire suprême des musulmans, le sultan de Sokoto Sa’ad Abubakar « le Nigeria traverse une période d’insécruité générale d’une importance énorme ».