Tapis rouge et colère noire. Tapis rouge à Tripoli pour Omar el-Béchir accueilli par le chef du Conseil national de transition, Moustapha Abdeljalil à sa descente d'avion. Colère noire dans le Darfour où l'Armée de libération du Soudan, l'un des mouvements rebelles, demande aux nouvelles autorités libyennes d'arrêter Omar el-Béchir.
Un mauvais point pour le CNT selon HRW
Cette visite du numéro un soudanais en Libye a aussi choqué Human Rights Watch, l'organisation de défense des droits de l'homme qui estime qu'elle envoie un message troublant quant à l'engagement des autorités libyennes à construire un état de droit. Human Rights Watch rappelle que Omar el Béchir est un fugitif poursuivi par la Cour pénale internationale pour les crimes commis dans le Darfour où des centaines de milliers de personnes ont perdu la vie.
Mais ces considérations passent au second plan à Tripoli soucieux de ses relations de bon voisinage avec Khartoum. Cette visite est manifestement une façon de remercier Omar el-Béchir pour son soutien durant l'insurrection. Celui-ci a d'ailleurs réaffirmé que son régime avait fourni des armes à ceux qui étaient alors les rebelles du CNT. Omar el-Béchir, qui ne tarissait pas d'éloges sur Kadhafi lorsque celui-ci le défendait face à la CPI, a expliqué à Tripoli qu'en réalité il se sentait menacé par le guide libyen en raison de son soutien aux rebelles du Darfour. Pour lui, la chute de Kadhafi est le meilleur cadeau jamais offert au Soudan.
Décryptage
Hasni Abidi, le directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen, décrypte pour RFI l'histoire et la nature des relations entre Tripoli et Khartoum.
Depuis que l'autonomie du Soudan du Sud et le soutien déclaré de l'administration américaine au Sud, Khartoum a besoin de sécuriser ses frontières et à chercher de nouveaux alliés.