Ce sont plusieurs villages autour de la ville de Pibor, dans l’Etat de Jonglei, à l’extrême est du pays, qui ont été les plus touchés par ces violences interethniques la semaine dernière. Dans cette région, des affrontements opposent, depuis des années, deux tribus : les Lou Nuer et les Murle. Cette fois-ci, ce sont des groupes de jeunes Lou Nuer qui ont envahi la zone de Pibor en faisant des milliers de victimes et faisant fuir des milliers de personnes.
Entre les Murle et Lou Nuer, les attaques et les représailles sont fréquentes. Elles sont essentiellement liées à des conflits portant sur le vol de bétail et sur les pâturages. Ces rivalités tribales sont nombreuses dans tout le pays mais c’est dans l’Etat du Jonglei qu’elles sont les plus dures. L’année 2011 y fut particulièrement meurtrière - ces attaques y ont fait plus de 1 100 morts et forcé quelque 63 000 personnes à quitter leur village, selon un rapport de l’ONU.
Le chef de l’admnistration de la région de Pibor, Joshua Konyi, contacté ce vendredi 6 janvier 2012 par l’AFP, affirme avoir « compté les corps et calculé à ce stade que 2 182 femmes et enfants, ainsi que 959 hommes ont été tués ». Il souligne par ailleurs que « plus d’un millier d’enfants sont aussi portés disparus et des dizaines de milliers de têtes de bétail volées ». L’ONU, pour l’instant, n’est pas encore en mesure de pouvoir confirmer ce bilan.
Opération d’urgence humanitaire de l’ONU
L’ONU estime à environ 50 000 hommes, femmes et enfants du groupe des Murle qui se sont cachés dans la forêt pour fuir les attaques. Certains commencent à rentrer mais beaucoup d’entre eux sont toujours réfugiés dans les bois dans une situation extrêmement difficile puisqu’ils sont partis sans eau et sans nourriture. Ils manquent de tout et certains sont blessés.
Face à la gravité de la situation, les Nations unies ont commencé à mettre en place une opération humanitaire d’urgence avec le soutien des autorités et de la Mission des Nations unies au Soudan du Sud (Minus).
Contactée par RFI, Elisabeth Byrs, porte-parole du Bureau de la coordination humanitaire de l’ONU (OCHA) à Genève, évoque le type d’aide qui doit être apportée aux populations.
Le gouvernement du tout jeune Etat a d’ores et déjà qualifié l’Etat de Joglei de « région sinistrée ». Les conflits interethniques constituent l’un des principaux défis auxquels le Soudan du Sud doit faire face. Cette nouvelle tuerie vient fragiliser ce tout jeune pays qui a accédé à l’indépendance en juillet dernier.