Le nouveau patron du groupe nucléaire, Luc Oursel, a présenté, ce mardi 13 décembre 2011, son plan d’orientation stratégique pour Areva pour les cinq années à venir. L’objectif de ce plan est d’économiser un milliard d’euros par an d’ici 2016 sur les coûts de fonctionnement. Le groupe va aussi céder des actifs pour 1,2 milliard d’euros et prévoit de réduire d’un tiers ses investissements. Pour assainir ses comptes, le groupe a également annoncé la suppression de 1 200 emplois en Allemagne et un gel des embauches du personnel non industriel en France. Les syndicats français évoquent 1 200 départs non remplacés.
Le nouveau président Luc Oursel a évoqué « une situation financière difficile dans les mois à venir », résultat, selon lui, d’une stratégie de croissance à marche forcée imposée par l’ancienne présidente Anne Lauvergeon, dirigeante d’Areva de 2001 à 2011. Ce plan de redressement doit mettre fin à la dégradation des comptes du groupe. En 2011, Areva a enregistré des pertes de 1,6 milliard d'euros, les plus lourdes jamais enregistrées par le groupe depuis sa création il y a dix ans.
Dépréciation des activités minières
Ces pertes s’expliquent par la provision exceptionnelle de 2,4 milliards qu’Areva a dû constituer. Une provision en grande partie liée à des dépréciations d’actifs au sein de ses mines d'uranium africaines, acquises en 2007 et qui ont depuis perdu 80% de leur valeur. Areva avait alors mis la main sur les projets de mines d'uranium d'une société canadienne, UraMin, qui ambitionnait d'exploiter des gisements prometteurs dans plusieurs pays africains (Namibie, Afrique du Sud et Centrafrique).
Les gisements identifiés par UraMin devaient, en effet, conduire à une production de plus de 7 000 tonnes d'uranium par an après 2012, comme l’annonçait fièrement à l'époque le groupe français. Mais quatre ans plus tard, la pépite s'est transformée en gouffre financier, les gisements chèrement acquis ne produisent pratiquement pas, compte tenu du prix de revient trop élevé. La dépréciation des mines an Afrique à hauteur d'un milliard et demi d'euros a véritablement plombé le groupe. Francis Sorin, directeur du Pôle information de la Société française d'énergie nucléaire, tempère les critiques : « En 2007, l’achat d’UraMin pouvait se justifier. On a découvert ensuite que ce gisement contenait moins d’uranium que prévu, et les prix de ce minerai ont aussi considérablement baissé. Cela fait parti e des aléas industriels. Depuis l’accident de Fukushima, Areva est dans un trou d’air. Par définition, les trous d’air sont provisoires ».
Les retards de l’EPR en Finlande
En plus des conséquences industrielles de la catastrophe de Fukushima, le géant français doit faire face aux nombreux retards enregistrés sur le chantier de son réacteur EPR en Finlande. Mais Francis Sorin se dit confiant dans l’avenir du géant français, à condition que l'entreprise n'abandonne aucun secteur de son champ d'activités : « Areva est en mesure de proposer tout l’éventail des équipements et des services nucléaires depuis l’enrichissement d’uranium, en passant par la construction des réacteurs, pour arriver au retraitement du combustible et le conditionnement des déchets. Par rapport à ses concurrents au niveau mondial, c’est ce qui a fait et ce qui continue de faire la force du groupe français. C’est un argument commercial incontestable ».
Pour 2012-2013, Areva prévoit une croissance du chiffre d’affaires de 3 à 6% par an dans le nucléaire et de 5 à 8% pour la période 2014-2016.