Présidentielle en RDC : concours de patience en attendant les résultats

Il va donc falloir faire preuve d’un peu de patience en République démocratique du Congo (RDC) pour connaître le nom du futur président. En principe, on aurait dû avoir des résultats complets ce mardi 6 décembre avant minuit, mais c’était sans compter sur la décision de la Commission électorale indépendante (la Céni)  qui a reporté l'annonce des résultats « dans les 48 heures ».

La nuance est importante. Il ne s’agit pas d’un report de 48 heures mais d'un report « dans les 48 heures ». La formulation donnée mardi soir à la télévision pouvait prêter à confusion, donc la Céni, ce matin, précise qu’elle donnera les résultats quand elle les aura en main, quand elle aura en main les PV des bureaux de vote rassemblés dans les 169 centres de compilation. Cela peut être aussi bien ce mercredi soir que demain matin, à tout moment, d’ici la nuit de jeudi à vendredi zéro heure.

Ces résultats, à la différence de ceux qui ont été donnés précédemment, devront être traçables, c’est-à-dire que l’on devrait savoir d’où ils proviennent exactement. Une traçabilité grâce aux procès-verbaux des bureaux de vote dont les différents états-majors des candidats doivent posséder une copie. A condition bien sûr, qu’ils aient eu des témoins présents pour signer à la fin du dépouillement dans les bureaux.

Cette façon de faire plus transparente a été voulue par la société civile, par l’église, par la communauté internationale. Et elle a été acceptée par tous les candidats.

Des tendances se dessinent

Dans la livraison des résultats partiels de la Céni, la nuit dernière, Joseph Kabila, le chef de l’Etat sortant soutenu entre autres par le PPRD (Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie) était crédité de 49 % des voix. Etienne Tshiseked, l’opposant historique, candidat de l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social) était lui crédité de 33%. Il y aurait pour l’heure, selon ces mêmes résultats partiels de la Céni, 2,6 millions de voix d’écart entre le premier et le second.

Concernant le retard dans la publication des résultats, aucun des deux protagonistes de l’élection ne fait de cette affaire un casus belli. Du côté de Joseph Kabila, Aubin Minaku, le secrétaire général de la majorité présidentielle, considère que le délai de 48 heures que s’est octroyée la Céni est tout à fait rationnel car il doit permettre de crédibiliser les résultats.

Du côté de l’UDPS, le secrétaire général du parti d’Etienne Tshisekedi, Jacquemain Shabani, vient lui de déclarer dans un point de presse qu’il tolère ce report mais « il faut que la Céni publie des résultats détaillés par bureau de vote ». Le credo de l’UDPS aujourd’hui est la transparence du processus.

Concernant la publication des résultats partiels par le pasteur Ngoy Mulunda, résultats qui classent largement en tête Joseph Kabila, là, le fossé est immense entre les deux camps. Dans celui du président sortant, on se satisfait évidemment des chiffres donnés par la Céni. « La tendance est claire, notre candidat va l’emporter », se félicite déjà le secrétaire général de la majorité présidentielle. Du côté de l’UDPS en revanche, Jacquemain Shabani a réaffirmé aujourd’hui que son parti rejette les résultats partiels, sans source, sans traçabilité et donc totalement opaques. Selon lui, la vérité des urnes est connue et « le peuple congolais ne tolèrera aucun hold-up électoral, aucune tentative de coup de force ».

Et à Lubumbashi, une attente sereine...

Aujourd’hui, les portes des principales formations politiques sont closes sur décision du gouverneur : personne au PPRD (Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie) et on refuse même de nous ouvrir la porte. Aucune force de l’ordre en vue.

A l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social), il faut d’abord franchir les barrières de police. L’accès n’est pas facile. Et quand finalement, nous parvenons jusqu’au local, des jeunes militants du parti nous affirment qu’ils ne peuvent ni entrer, ni sortir. Au même moment, quelques militants sont arrivés devant cette porte.

Dans les milieux diplomatiques, on confirme que l’anxiété monte peu à peu, même si les magasins sont ouverts. Les bus circulent ce mercredi. Tous les passants à qui a pu parler l'un de nos reporters ce mercredi matin ont suivi attentivement l’annonce des résultats partiels la nuit dernière et le report de la publication des résultats officiels provisoires.

Pour certains, ce genre d’imprévus peut arriver. Ils gardent toute confiance dans la Céni. En revanche, sur le chemin de l’église, un employé des chemins de fer congolais ne cachait pas ses soupçons face au report décidé par la Céni et dénonçait un manque de transparence du scrutin.

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