De notre envoyée spéciale à Durban
« Le jeu de ping-pong entre les Etats-Unis et la Chine prend les négociations en otage et c’est inacceptable ! », selon Jo Leinen, le président du Parlement européen. Il est vrai que les deux plus grands émetteurs de gaz à effet de serre de la planète semblent camper sur leurs positions.
Les Américains, coincés entre un Congrès républicain miné par le climato-scepticisme et l’échéance de l'élection présidentielle en 2012, refusent de s’engager dans un accord contraignant. La Chine avait fait preuve d’ouverture en annonçant dès le début de la conférence qu’elle serait prête à discuter d'un nouveau traité, qui engloberait tout le monde et entrerait en vigueur à l'horizon 2020. Mais à plusieurs conditions et notamment que les pays historiquement responsables des changements climatiques s’engagent dans une deuxième période du protocole de Kyoto.
L’avenir du protocole de Kyoto
Pour Tosi Mpanu Mpanu, négociateur de la République démocratique du Congo et chef du groupe Afrique « quand deux éléphants se battent c’est l’herbe qui est foulée. Nous ne serons pas l’herbe des Américains et des Chinois ». Les 54 pays africains parlent d’une seule voie durant cette conférence qui se passe sur leur continent. Ils réclament avec les autres pays les plus vulnérables aux changements climatiques comme les petits insulaires un engagement des pays industrialisés dans une seconde période du protocole de Kyoto. Mais actuellement seuls l’Union européenne, la Suisse, la Norvège, l’Australie et La Nouvelle-Zélande, soit 16% des émissions mondiales, sont prêts à s’engager dans cette voie.
Connie Hedegaard, la commissaire européenne à l’action pour le climat a rappelé ce mercredi 7 décembre dans une conférence de presse que cet engagement était lié à la volonté de l’ensemble des pays de s’engager vers un accord globalement contraignant pour tous : « Il est urgent que les cinq plus grands émetteurs que sont la Chine, les Etats-Unis, l’Inde, la Russie et le Japon clarifient leur position et s’engagent davantage ». Ces pays totalisent à eux cinq la moitié des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Les questions des financements pour aider les pays les plus vulnérables à s’adapter aux changements climatiques et à lutter contre la déforestation ne sont pas non plus tranchées. Comme le résume Pierre Radanne, expert en politiques énergétiques : « à Cancun on a recollé la vaisselle, mais ici les assiettes restent vides ! ».