Opération déminage. Tour à tour, les douze avocats s’adressent à la cour. Bien sûr il ne s’agit pas de convaincre les jurés de l’innocence des accusés. D’ailleurs, à l’exception d’Abdulahi Guelleh, le pêcheur de langoustes qui ravitaillait le voilier, tous ont reconnu leur participation au détournement du Carré d’As.
Au moment de plaider, le combat de la défense est de mettre en évidence qu’il n’y a dans le box que les petites mains de la piraterie somalienne, de rappeler que le commanditaire, le chef mafieux Shiré, n’a jamais été inquiété par la justice française. Et de souligner enfin que les accusés sont aussi des victimes. Victimes de la pauvreté qui sévit au Puntland.
« Surtout, martèlent les avocats, ces six Somaliens ne doivent pas être jugés pour l’exemple », comme le dit Maître Cédric Alépée, un des avocats de la défense : « On veut effectivement envoyer un message ! On va envoyer un message en disant : voilà ce qu’il va vous arriver si vous commettez de tels actes à l’égard de ressortissants français »..
Puis, Maître Alépée ajoute « Mais ce n’est pas le problème aujourd’hui. Le problème, c’est juger une affaire telle qu’elle ressort des débats ! L’excès ne correspond pas à la réalité ! Les jurés ne sont pas là pour régler le problème de la piraterie. Ils sont là pour juger des hommes, qui ont chacun une part de responsabilité, certes, mais qui ne correspond absolument pas au réquisitoire de madame l’avocat général ! »
Depuis le XVIIIe siècle on n’avait pas jugé de pirates en France. Le banc de la défense a donc essuyé les plâtres.