L'ancien Premier ministre égyptien Kamal el-Ganzouri pressenti pour former un gouvernement

En Egypte, le Conseil suprême des forces armées qui coiffe l’exécutif a entamé une série de consultations avec des personnalités politiques en vue de choisir un Premier ministre chargé de constituer un nouveau gouvernement. Parmi les personnalités pressenties figure Kamal el-Ganzouri, ancien Premier ministre de l’ex-président Moubarak. Alors que plusieurs partis politiques ont suspendu leur campagne électorale en raison des violences entre les manifestants et les forces de l'ordre, l'armée assure que le scrutin aura bien lieu lundi 28 novembre 2011.

La confusion la plus totale règne en ce qui concerne le prochain Premier ministre égyptien. Après avoir annoncé le nom de plusieurs personnalités au cours de la journée de jeudi, les médias privés ont commencé à s’accorder sur le nom de Kamal el-Ganzouri en fin de soirée.

Peu avant minuit, un présentateur de la chaîne d’information étatique confirmait que Ganzouri avait été nommé Premier ministre et demandait à ses hôtes et à son correspondant place Tahrir de commenter la nouvelle. Réponse : « Très mauvais choix ! » Moins d’une demi-heure plus tard, après l’annulation du journal en résumé, le commentateur annonçait que la nouvelle n’était pas officiellement confirmée.

Comment expliquer ce couac d’une télé, surnommée « la voix de son maître » du fait qu’elle ne passe aucune nouvelle qui ne soit dictée ou approuvée par les autorités, notamment militaire ? « Un ballon sonde » avant la grande manifestation prévue à Tahrir ce vendredi expliquent les analystes qui ajoutent que les autres personnalités pressenties n’avaient pas accepté d’être de simples chefs de cabinet prenant leurs ordres des militaires.

Réactions mitigées sur la place Tahrir

Sur la place Tahrir, lorsque des rumeurs commençaient à circuler sur la nomination jeudi soir de Kamal el-Ganzouri, certains groupes scandaient « et pourquoi pas ressusciter Saad Zagloul tant qu’on y est », en citant le leader des nationalistes égyptiens qui avait lutté en 1919 contre l’occupation britannique. Ils ont réclamé le départ immédiat des forces armées du pouvoir politique et ont affirmé ne pas vouloir d’un ancien régime réchauffé.

Les réactions pourraient être plus violentes ce vendredi où la foule est attendue encore plus nombreuse après la grande prière vers midi, pour ce qu’ils ont appelé le « vendredi d’hommage aux martyrs, la marche du million ». Jeudi, l’atmosphère a changé sur la place Tahrir, des groupes hostiles aux médias égyptiens et étrangers ont agressé sexuellement des femmes journalistes et tabassé des hommes notamment dans la rue Mohamed Mahmoud où se déroulaient les affrontements. Mercredi une journaliste égyptienne a été détenue et a subi des attouchements dans les locaux de la police militaire, sans soins alors qu’elle avait les bras cassés.

Qui est Kamal el-Ganzouri? 

Premier ministre sous Hosni Moubarak de 1996 à 1999, Kamal el-Ganzouri avait mis en œuvre une série de mesures d'ouverture économique. Il est considéré comme un homme politique intègre, mais ses responsabilités sous le régime déchu pourraient relancer les appels à une rupture totale avec l'ancien régime. Selon l'armée, un nouveau gouvernement sera formé avec le début de la première phase des élections législatives, prévues lundi 28 novembre.

Le Conseil suprême des forces armées tente en effet de mettre un terme aux spéculations sur la tenue des élections. Alors que le ministre de l'Intérieur demandait le report des élections, alors que des candidats aux élections comme de nombreux observateurs doutent que le scrutin puisse se tenir dans des conditions de sécurité acceptables, les généraux qui tiennent les commandes de l'Egypte ont assuré que les premières élections législatives post-Moubarak auraient bien lieu à partir de lundi. « Nous sommes prêts à organiser les élections quelles qu'en soient les conditions », confirme de son côté le chef de la Commission électorale.

L'accord entre les manifestants et les forces de l'ordre pour cesser les affrontements au Caire et les excuses de l'armée pour les morts survenus dans les affrontements favorisent en tout cas un retour au calme. C'est ce que souhaitaient les Frères musulmans qui ont tout à gagner à ce que le scrutin puisse se dérouler comme prévu. La puissante confrérie qui est aujourd'hui la force politique la mieux organisée en Egypte devrait être le grand gagnant de ces premières élections législatives post-révolution.

 

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