Avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti
Pour le dirigeant salafiste Hazem Abou Ismaïl, le discours du maréchal n’était que « paroles en l’air ». L’autre candidat potentiel à la présidence, Mohamed al-Baradei a appelé à « arrêter la boucherie ». Le poète Tamim al-Barghouthi a pour sa part demandé à l’armée : « Combien vous faut-il de morts et de plomb logé dans les yeux des manifestants pour partir ? ». Le romancier Alaa al-Aswani a estimé que « la révolution n’avait pas eu lieu pour simplement remplacer un chef d’Etat par un ministre de la Défense ».
Le journal al-Asharq al-Awsat titre ce mercredi 23 novembre « Tahrir toujours en colère », tandis qu’Al-Quds al-Arabi parle de « Seconde victoire de la révolution » qui a obtenu une partie de ses revendications. Beaucoup d’éditorialistes reviennent enfin sur « l’erreur de calcul des Frères musulmans » qui n’ont pas participé à la manifestation de Tahrir en pensant qu’elle ferait un flop sans eux.
Mais les plus parlantes des réactions médiatiques étaient ces images crues diffusées par les télévisions privées égyptiennes de manifestants ensanglantés au visage criblé de plomb. Un démenti flagrant à la police et l’armée qui déclarent n’avoir jamais tiré sur les manifestants et avoir exercé un maximum de retenue.
Plus tard dans la journée, le grand imam d'Al-Azhar, plus haute institution de l'islam sunnite, qui siège au Caire, a appelé la police à ne pas tirer sur les manifestants et l'armée à éviter les affrontements « au sein d'un même peuple », dans un enregistrement sonore diffusé par la télévision d'Etat.