Pour le procureur Luis Moreno-Ocampo, cette question n'est pas de son ressort. « Nous devons simplement nous assurer qu'il n'y a pas impunité. Nous devons veiller à ce que de véritables procédures soient mises en place. [...] Ce que la CPI et moi devrons définir, c'est s'il y a un vrai processus judiciaire qui ne laisse pas le suspect échapper à la justice. C'est tout ».
Louis Moreno-Ocampo a donc de nouveau exprimé l’hypothèse que Seif al-Islam Kadhafi soit jugé en Libye. Au lendemain de la mise en place d’un gouvernement de transition, le procureur de la CPI a insisté sur le fait que la Libye « a le droit de le juger si elle en a les moyens ». L’important, selon lui, est que le fils Kadhafi ne soit pas soustrait à la justice.
Le procureur, qui doit rester un jour de plus dans la capitale, n’a pas détaillé les cours de ses discussions avec les autorités libyennes. Mais celles-ci devront apporter la preuve que le système judiciaire libyen est apte à le juger.
Ensuite, c’est au juge de la CPI de faire leur appréciation et décider, enfin, si Seif al-Islam Kadhafi doit être confié à la justice internationale ou laissé aux mains de la justice libyenne dont plusieurs organisations des droits de l’homme doutent de son efficacité, surtout après les mois de troubles qu’a connus le pays.
Par ailleurs, d'après Mohamed Allagui, l'ancien ministre de la Justice du CNT, un « accord de coopération » devrait être signé prochainement entre la CPI et le CNT pour fixer les modalités du transfert du dossier de Seif al-Islam.
Du côté de Human Rights Watch, on se dit un peu surpris des propos du procureur à Tripoli. Pour l'ONG internationale de défense des droits de l'homme, très en pointe sur ces questions de justice internationale, il est curieux que le procureur n'ait pas rappelé la primauté de la décision des juges de la CPI dans cette affaire.