Avec notre envoyé spécial aux assises de Paris
Jean-Claude Archambault, expert psychiatre, a longuement rencontré les six accusés. « Mais un seul d'entre eux, raconte-il à la barre, a développé une grave pathologie mentale ». Cet homme c’est Cheik Nour Muhammad. « A son arrivée à Paris, précise le médecin, il n’était pas fou mais rapidement l’isolement l’a fait basculer. »
Cheik Nour Muhammad est devenu mystique racontant avoir vu des anges envoyés par le prophète qui lui auraient dit que la prison de Fresnes était le foyer du mal. Puis il s’est pris pour le président de la Somalie et à plusieurs reprises il a mis le feu à sa cellule. En somme tous les syndromes de la psychose carcérale sont réunis ici, résume Clotilde Petit, son avocate.
« Cet enfermement-là a produit chez lui un choc qui l’a fait basculer de l’autre côté du raisonnement, explique Clotilde Petit. C’est-à-dire qu’en fait sa pensée s’est désorganisée et les angoisses qui étaient les siennes – l’isolement, le déracinement et puis la peur de la sanction, en l’occurrence la sienne de peur, c’est la peur de mourir. Il avait le sentiment et la conviction profonde qu’il allait être fusillé par les Français. Ses angoisses extrêmement profondes se sont révélées au travers de délires et d’hallucinations, de crises mystiques, de discours complètement incohérents qui n’étaient plus en prise avec la réalité. »
Certains médicaments peuvent atténuer cette pathologie mais le meilleur traitement, conclut l’expert psychiatre, c’est que cet homme retourne dans sa culture, en Somalie.