Pour le juge Patrick Ramaël, ces deux semaines de mission ont surtout permis de faire avancer les investigations sur le bref enlèvement en novembre 2004 de Xavier Ghelber, un avocat français mandaté par l'Union européenne pour effectuer un audit de la filière cacao.
Selon une source proche de l'enquête, le juge d'instruction a pu auditionner à Korhogo deux gros poissons : Patrice Baï, cousin et ancien chef de la sécurité rapprochée de Laurent Gbagbo, et le général Dogbo Blé, l'ancien patron de la garde républicaine. Plusieurs gardes du corps de l'ex-président ivoirien, ceux qui se surnommaient entre eux les « 18 frères », ont également été entendus dans la grande ville du Nord.
A Abidjan, le magistrat français a interrogé pour la seconde fois le commandant Anselme Seka Yapo dit « Séka Séka ». La précédente audition en 2009 de l'ex-aide de camp de Simone Gbagbo, suspecté d'avoir joué un rôle central dans la disparition du journaliste Guy-André Kieffer, n'avait pas permis de faire progresser l'enquête.
Depuis, la donne a évolué. Avec le changement de régime, les personnalités citées dans ces deux affaires ne bénéficient plus de la protection du pouvoir. Une source proche de l'enquête se félicite même de la réelle coopération des nouvelles autorités ivoiriennes. Et pour cause, elles ont tout intérêt à favoriser les investigations d'un juge français sur les affaires les plus inavouables du régime précédent.