Construire les infrastructures, créer des emplois, amener l’eau et l’électricité à plus de foyers : voilà quelques-unes des missions que se fixe la présidente Sirleaf dans son adresse à la nation.
En cinq ans, elle a obtenu l’annulation de la dette, attiré 16 milliards de dollars d’investissements étrangers, posé les bases du développement. Il lui faut maintenant s’assurer que cela profite davantage aux deux tiers de la population encore sous le seuil de pauvreté, et aux 80 % de Libériens sans emploi formel.
« C’est une question explosive », dit l’analyste Dan Saryee, une vraie fracture, soulignée par ce scrutin, entre une élite et les déshérités, beaucoup de jeunes qui avaient fait le choix du CDC.
Un autre grand défi, évident au cours de ces élections où l’opposition n’a cessé de dénoncer le soutien apporté par Ellen Johnson Sirleaf à Charles Taylor au tout de début de sa rébellion : la réconciliation. Huit ans après la fin de la guerre civile, les plaies sont toujours ouvertes. Rien de ce qui avait été recommandé par la Commission vérité et réconciliation n’a été mis en place, ni les tribunaux pour juger les crimes de guerre, ni les palava hut, ce sytème traditionnel basé sur la conciliation et le pardon.
Au Liberia, les ex-chefs de guerre ont toujours pignon sur rue. Prince Johnson, arrivé troisième à la présidentielle, est loin d’être le seul, et cela ne semble pas près de changer.
En revanche, Ellen Johnson Sirleaf promet de lancer les palava huts et de s’y présenter la première. Elle confie aussi à sa colauréate du Nobel de la paix, Leemah Gbowee, la préparation d’un dialogue national.