Avec notre envoyée spéciale à Monrovia
Un foulard blanc sur la tête, la jeune Leita se rend chez le coiffeur à Monrovia. «Je n'ai pas pu le faire lundi à cause de la confusion en ville. Je suis heureuse de me sentir en sécurité pour y aller aujourd'hui; ma présidente, Mme Sirleaf est au pouvoir, elle contrôle la situation. »
La vie a repris son cours hier, dans la capitale libérienne, avec la circulation, les vendeurs de rue. Pourtant, certains, comme Hichak, dans son échoppe sur un bout de trottoir, ne sont pas encore complètement rassurés : « C'est juste qu'on est habitué à la violence. Au Liberia, des gens ont tué pendant la guerre, et ils sont parmi nous. Après des incidents comme ceux de lundi, il peut y avoir des représailles, on repense au passé. »
A en croire de jeunes sympathisants du Congrès pour le changement démocratique, forcément très déçus de la tournure des élections, une page aurait pourtant été tournée : « En 2005, il y a eu des fraudes, et on a accepté les résultats, il n'y a pas eu de problèmes. Moi, je vais respecter les résultats. On ne veut plus retomber dans la guerre, même si on est frustré, George Weah et Winston Tubman non plus. »
Avec ses camarades, il demande toutefois à la présidente de s'assurer que le développement bénéficie désormais aux deux-tiers des Libériens sous le seuil de pauvreté. Huit ans après la fin de la guerre civile, beaucoup comme ce jeune père de famille croisé dans une menuiserie, exigent d'Ellen Johnson Sirleaf qu'elle lance le chantier de la réconciliation : « J'espère que la présidente va convoquer une conférence nationale pour que chacun vienne et exprime ses différences et qu'on referme les plaies. »