Loi électorale : les députés algériens machistes jusqu'au bout

Le projet de loi du président algérien Abdelaziz Bouteflika sur l'instauration d'un quota de 30% de femmes à l'Assemblée nationale et dans les assemblées locales a été amendé par les députés algériens ce 3 novembre 2011 : le nombre de sièges réservés aux femmes sera en fait déterminé de façon variable selon les assemblées. Un système qui ne garantit pas l'augmentation de la représentation des femmes.

Porter le taux des femmes candidates aux prochaines différentes élections en Algérie de 7% actuellement à 30%, tel était le projet initial présenté par le président Abdelaziz Bouteflika. Projet approuvé par le conseil des ministres le 30 août dernier.

Le texte stipulait que toute liste de candidats aux élections législatives, des conseils de wilayas (division administrative), assemblées populaires des communes (APC, équivalent des conseils municipaux français) de plus de 20 000 habitants, devait comporter une proportion de candidates qui ne saurait être inférieure à son tiers. Le non-respect de cette disposition entraînait le rejet de la liste concernée.

Après le dépouillement du scrutin, plusieurs dispositions garantissaient la répartition des sièges entre hommes et femmes.

Mais les amendements votés par les députés (213 étaient effectivement présents- 113 ont voté par procuration), ont réduit la possibilité pour les femmes d'être élues.

En effet, les amendements prévoient une représentation variable selon la taille des circonscriptions : 20% de femmes sur les listes électorales pour les wilayas dotées de 4 sièges, 30% pour celles dotées de 5 sièges, 35% pour celles de 14 sièges et plus, etc.

La communauté algérienne à l'étranger s'est vue attribuer un pourcentage de 50%.

En outre, l'article 3 du projet n'exige plus que les femmes soient bien placées sur les listes électorales et qu'on leur accorde un pourcentage sur le nombre de sièges remportés. Les partis politiques peuvent donc les reléguer en fin de liste, tout en ayant le pourcentage requis. Les hommes conservant ainsi toutes leurs chances d'être élus.

« Les hommes ont eu peur que les femmes prennent leur place parce qu'il y a beaucoup d'avantages et de privilèges quand on est député ou président d'assemblée populaire de communes », s'indigne la juriste Nadia Ait Zait qui voit dans ce rejet une manoeuvre des députés du parti au pouvoir.

 

Dès son adoption par le conseil des ministres, la loi avait suscité une levée de bouclier de la part des partis de la mouvance présidentielle. Mustapha Benabdellah, député du Front de libération national (au pouvoir) avait affirmé que cette loi allait « créer une division entre hommes et femmes ».

Trente femmes siègent actuellement à l'Assemblée populaire nationale  pour un total de 389 députés (7,7%).

Sept femmes siègent au Majlis al-Oumma (Conseil de la Nation, équivalent du Sénat français) pour un total de 144 membres. Aucune n'a été élue. Elles ont toutes été désignées par le président Bouteflika.

Trois femmes occupent les fonctions de présidentes d'assemblées populaires des communes pour un total de 1 541 présidents.

La révolution tunisienne a institué une parité à 50% le 11 avril 2011.

À titre de comparaison, le taux de représentativité des femmes dans les rangs de l'Assemblée nationale française est de 18,2%.

Partager :