Libye : fin de partie pour l’Otan

Le Conseil de sécurité de l'ONU a mis fin, le jeudi 27 octobre 2011, au mandat autorisant le recours à la force en Libye afin de protéger les populations civiles. L'Otan à son tour a officialisé la fin de sa mission devant le Conseil de l'Atlantique nord. Et met fin à compter de ce lundi 31 octobre 2011,à son opération de sept mois en Libye, se félicitant d'un succès « historique ».

Après les Nations-Unies hier, c’est au tour de l’Otan d’annoncer la fin des opérations en Libye, le 31 octobre à 23h59 précisément. 13 pays auront participé à la coalition dont dix membres de l’Otan - la Suède, le Qatar et les Emirats arabes unis se sont joint à l’intervention, et à ce titre ont participé à la réunion du Conseil.

Il y a plus d'une semaine, l'Alliance n'a pas manqué de souligner qu'elle ne comptait pas s'éterniser dans la région : « Il n’y a aucune intention de conserver des forces armées dans le voisinage de la Libye après la fin de l’opération, dont le Conseil de l’Atlantique Nord a décidé de manière préliminaire que cela devrait être le 31 octobre », a rappelé lundi dernier à Bruxelles la porte-parole de l’Otan Oana Lungescu.

Jeudi à New York, l’ambassadeur de France à l’ONU, Gérard Araud, a exprimé la « fierté » de son pays d’avoir pris part aux opérations : « C’était une étape très importante, qui se termine aujourd’hui, et en tant qu’ambassadeur de France à l’ONU, je dois dire que nous sommes particulièrement fiers d’avoir été depuis le début du côté du peuple libyen qui se battait contre Kadhafi ». Le Conseil de sécurité est toutefois resté divisé jusqu'à la fin. L'ambassadeur russe, Vitali Tchourkine, a estimé que les deux résolutions adoptées en début d’année ont été outrepassées. Il a parlé de « violation » et estimé que « des leçons devront être tirées » au Conseil de sécurité.

L'Otan s'en va, les Libyens face à de nombreux défis

Sept mois de bombardements, 26 000 sorties aériennes, mais au sein de l’Alliance rien ne semble destiné à prendre le relais de l’opération « Protecteur Unifié ». Autrefois, l’Otan n’avait pas hésité à prolonger ses frappes aériennes par une mission de stabilisation au sol. Ce fut le cas dans les Balkans, au Kosovo avec la mise en place de la Minuk : une mission d’administration civile sous les couleurs de l’ONU d’un côté et la KFOR, une force de sécurité otanienne, de l’autre.

« En Libye, la mission pourrait évoluer mais ce n’est pas la volonté des Etats membres de l’Alliance. Cela impliquerait des milliers d’hommes au sol, dans une situation qui frôle la guerre civile, avec la nécessité de récupérer des armes. Il n’y a aucune raison que l’Otan se mêle de ce genre de choses », estime le spécialiste des questions stratégiques, Pierre Conessa, qui voit se profiler « un scénario à l’irakienne ».

Cette décomposition de l'Etat libyen, les membres du CNT la redoutent. Depuis la mort de Mouammar Kadhafi et l’annonce de la libération totale de la Libye, le 23 octobre dernier, le président du Conseil national de transition Moustafa Abdeljalil n’a cessé demander une prolongation de la mission de l’Otan, « au moins jusqu’à la fin de l’année ». De son côté, si l’Alliance reconnaît qu’il peut y avoir encore des combats « résiduels » entre factions, elle considère que c’est maintenant au CNT de faire face à cette menace, et estime que les forces armées du CNT en ont les moyens.

Propositions qatariennes, réalités otaniennes

Jeudi dernier, à Doha, la réponse aux préoccupations libyennes est venue du chef d’état-major de l'armée qatarienne. Ahmad-Ben-Ali al-Attiya annonçait devant les chefs d’état-major des pays ayant contribué aux opérations en Libye, la mise en place d'une coalition d’au moins 13 pays, dont les principaux participants à « Unified Protector », la France, la Grande-Bretagne, et les Etats-Unis. L’objectif affiché est de désarmer les Libyens, et réinsérer les combattants.

Pour Pierre Conessa, « c’est probablement de l’affichage, car le Qatar n’a pas les moyens de coordonner une opération militaire de très haut niveau, sachant que l’ensemble des effectifs des forces qatariennes ne dépassent pas 12 000 hommes.  Cela permet donc de mettre en avant une solution présentée comme arabe, mais qui de toute façon ne peut fonctionner qu’avec les moyens occidentaux ».

En attendant, l'armée de l'air française a commencé à démonter son dispositif, des avions de combat ont déjà quitté leurs positions avancées en Sicile et en Crête pour rentrer en France. Selon l’état-major des armées à Paris, jeudi, à la veille de la décision de l’Otan, il ne restait que cinq Rafale sur la base de Sigonella et trois Mirage 2000D à Suda.

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