Des abats de mouton sèchent au soleil sous une nuée de mouches, le sol est jonché d'ordures. Près du port, il reste un fond d'eau croupi dans ce qui était autrefois une piscine. La camp Sidi Bilal est sordide. Bacari est malien, il a tout juste 20 ans et dort sous une coque de bateau depuis maintenant deux mois. Il dit vouloir rester en Libye pour travailler et gagner de l'argent.
Sans argent et parfois même sans passeport, les Africains du Sub-Sahara bloqués à Sidi Bilal se sentent pris au piège. « J'ai l'intention de rentrer au pays. J'appelle tous les Libyens à nous considérer comme des frères ; nous ne sommes pas des esclaves ni des animaux, s'insurge Philip, nigérian, en Libye depuis deux ans. Les Libyens sont bons mais certains sont mauvais. Ceux-là viennent dans le camp prendre nos téléphones, notre argent gagné à la sueur de notre front. Nous vivons ici et nous ne sommes pas des combattants ».
Comme ses compatriotes, Philip appelle son gouvernement à lui venir en aide, mais l'ambassade du Nigeria, fermée pendant les combats n'a toujours pas rouvert dans la capitale libyenne.