Tunisie : le parti Ennahda à l'heure des jeux d'alliance

En Tunisie, Ennahda savoure le parfum de la victoire avant même l'annonce des résultats officiels et définitifs. La nette avance du parti islamiste ne fait plus de doute pour personne, les résultats partiels l’ont déjà confirmée. Ennahda est donc entré naturellement en négociation pour préparer l’après-scrutin. Il veut former un gouvernement d'ici un mois, présentant pour le poste de Premier ministre la candidature de son numéro deux, Hamadi Jebali. Mais des noms circulent aussi pour le nouveau président de la République.

Ennahda veut diriger le futur gouvernement et ne s'en cache pas. Le parti religieux espère même former une nouvelle équipe ministérielle d'ici un mois. A sa tête, les islamistes propose la candidature d'un modéré : leur numéro deux, Hamadi Jebali, ingénieur et ancien opposant à Ben Ali emprisonné pendant 16 ans, dont 10 à l'isolement. Il est décrit comme l'homme du consensus.

Aujourd'hui, les résultats définitifs de l'élection ne sont pas encore connus et les nouvelles règles de nomination d'un gouvernement n'ont pas été décidées. Pour autant, Ennahda fait également circuler des noms pour la présidence de la République. Des noms évoqués par Rached Ghannouchi lui-même sur une radio tunisienne. Le leader de la formation islamiste imagine, au choix , une personnalité connue et consensuelle, non liée à un parti, comme Ahmed Ben Salah ou Ahmed Mestiri, deux ministres sous Bourguiba.

Cela peut-être également l'un des deux chefs des partis de centre gauche dans la carré de tête du scrutin et actuellement courtisés par Ennahda pour former une coalition au sein de la future assemblée : Moncef Marzouki, leader du CPR (Congrès pour la République), ou bien Mustapha Ben Jaafar du parti Ettakatol social-démocrate. Le secrétaire général du mouvement de gauche veut que la transition se passe avec le moins de dégâts possibles. Il craint une résurgence des forces du passé, et pointe certaines listes qui ont réalisé un score notable. Pour lui, il faut y opposer une cohésion entre les différentes forces politiques.

Enfin, autre nom est évoqué pour accéder à la magistrature suprême en Tunisie : celui de l'actuel Premier ministre Béji Caïd Essebsi.

En revanche, Ennahda exclut d’entamer des pourparlers avec la liste qui a créé la surprise et qui fait polémique, celle batpisée Aridha Ecchabiya en arabe, Pétition populaire en français, menée par un richissime Tunisien exilé à Londres, qui a tenu un discours populiste, via sa chaîne de télévision. Cet ex-activiste du parti Ennahda a obtenu un score inattendu. Pour Yousra Ghannouchi, fille du leader du parti islamiste et porte-parole du parti, il n'est pas question de s'allier avec Hachmi Hamdi car, dit-elle, « c’est un phénomène qui a seulement émergé pour ces élections, sans aucun passé, sans aucune racine. »

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