Trois numéros de téléphone fonctionnent 24 heures sur 24. Les personnes ayant des informations sur l’existence de fosses communes peuvent alerter le comité. Ahmed, chargé de répondre aux appels, remplit un formulaire. Il a déjà noirci plusieurs pages de son cahier. Il a reçu 125 appels. Cela signifie autant d’équipes qui vont être envoyées sur le terrain pour enquêter.
« Au tout début, lorsque les gens entendaient parler d’une fosse commune, ils allaient creuser pour exhumer les corps, raconte le docteur Salim el-Farjani, président du comité de recherche. Quand on nous appelle, une équipe va sur le site, on emmène ensuite les corps dans un endroit adapté pour les examiner, on rassemble les effets personnels, on prend des échantillons d’ADN, puis on les enterre. Cela nous aidera ensuite pour le processus d’identification de ces corps ».
Mais vu l’ampleur de la tâche, le comité a donc des priorités. « Pour l’instant, nous gérons les urgences, c'est-à-dire les corps sur la voie publique, à Syrte par exemple et à Bani Walid. La semaine dernière, nous avons trouvé douze corps. Ils étaient à l’hôpital mais nous avons considéré que c’était une urgence car il n’y a pas d’électricité dans cet hôpital », rapporte encore le docteur el-Farjani.
Etait-ce des fidèles de Mouammar Kadhafi ou des révolutionnaires ? Le docteur ne se pose pas la question. Son comité se borne à rechercher les corps, peu importe que ce soient des rebelles, des pro-Kadhafi ou des mercenaires.