Le débat est « ouvert » même s’il est « loin d‘aboutir ». Moustapha Ben Jaafar, leader du parti Ettakatol, qui se dispute la deuxième place de l’élection de dimanche avec le Congrès pour la République (CPR), a cité des propos tenus par les dirigeants du parti islamiste Ennahda, arrivé en tête selon les premiers sondages et résultats partiels.
Le but, selon Moustapha Ben Jaafar, est de parvenir à un « accord consensuel entre tous les partenaires ». « Personne n'est exclu », a-t-il encore souligné, estimant que le Pôle démocratique moderniste (PDM, gauche), Afek Tounes (libéral) et « même le PDP » (Parti démocrate progressiste, centre) sont conviés aux discussions.
Concrètement, le CPR pourrait s'entendre avec les islamistes. En juillet, après la répression des manifestations anti-gouvernementales de Kasba 3, le parti avait cosigné un document donnant naissance à un front commun avec Ennahda. Si le CPR dément toute rumeur d'alliance, il admet partager 20% des idées des islamistes. Par ailleurs, le Parti ouvrier communiste tunisien n'a lui jamais rompu les discussions avec les probables vainqueurs de l'élection.
A l'inverse, deux formations semblent moins bien placées : le Pôle démocrate moderniste, une coalition de gauche qui a fait campagne sur le « tout sauf Ennahda ». De même pour le PDP qui semble avoie registré un très mauvais score, s’est rangé lundi dans le camp de l’opposition.
Ennahda affirme obtenir plus de 40%
Le chef du bureau exécutif d'Ennahda, Abdelhamid Jlassi a, lui, assuré que des négociations allaient en tout cas s’engager avec Ettakatol et le CPR. Son parti s’est par ailleurs targué d’avoir obtenu « plus de 40% » des voix à l’élection de l’Assemblée constituante, selon ses propres résultats, alors que les islamistes étaient effectivement en tête dans 9 des 27 circonscriptions du pays.
Abdelhamid Jlazzi, le directeur de campagne du parti interdit sous le régime de Zine ben Ali, a affirmé que Ennahda « réalise la portée » de ces résultats et que le parti « sert désormais le peuple tunisien, pas simplement ses partisans ». « Nous ne tiendrons aucun groupe à l'écart de nos consultations, que ce soit les partis politiques représentés ou non à l'Assemblée, les groupes de la société civile ou les syndicats », a-t-il poursuivi.
Ben Jaafar candidat à la présidence
Leur opposant, Moustapha Ben Jafaar, est allé plus loin en se prononçant pour un « gouvernement d'intérêt national » qui comprendrait les principales forces politiques. « Il faut envoyer un message très fort aux Tunisiens pour leur dire que de nouveaux gouvernants vont prendre les choses en main, ce qui permettrait d'apaiser l'opinion publique, rassurer les investisseurs et redonner confiance aux jeunes », a-t-il fait valoir. Moustapha Ben Jafaar n’en pas moins mis ses velléités personnelles en avant en annonçant, dans un entretien au journal belge Le Soir, qu’il était candidat à la présidence de la République. « Je crois que ma candidature peut incarner la volonté consensuelle de fédérer et d'apaiser, tout en assurant la sérénité avec la communauté internationale », a assuré Moustapha Ben Jaafar.
Les résultats définitifs de l’élection doivent être communiqués dans les prochaines heures. La Commission électorale assure qu’il n’y a pas de retard, mais le dépouillement est long car il y a eu des complications.