Les premiers résultats officiels placent Ennahda en tête

En Tunisie les premiers résultats officiels de l'élection de l'assemblée constituante confirment l'avance du mouvement islamiste d'Ennahda. L'ensemble des résultats pourrait être proclamé dès ce mardi 25 octobre 2011. Avec la victoire annoncée d'Ennahda, des schémas de possibles alliances commencent à s’esquisser, autour du mouvement islamiste et dans l'opposition.

Avec nos envoyés spéciaux et correspondant,

Ce ne sont que cinq circonscriptions sur les 27 que compte le pays, mais elles confirment la tendance en faveur des islamistes d'Ennahda. Le parti l'emporte à Sousse, Sfax 1 et 2, Jendouba et Kébili. Les islamistes empochent 15 des 39 sièges à pouvoir dans ces circonscriptions, devant le CPR de Moncef Marzouki, qui récolte 6 sièges.

 

La Commission électorale assure qu’il n’y a pas de retard, mais le dépouillement est long. Il est notamment toujours en cours dans le grand Tunis. Il y a eu des complications car des procès verbaux avaient été rangés dans des urnes qui ensuite avaient été scellées, il a donc fallu les ouvrir avec les précautions nécessaires.

Ennahda incontournable

La victoire des islamistes n’est pas encore officiellement proclamée mais elle est dans tous les esprits et même dans ceux des responsables des partis qui leur sont opposés. En fait chacun a d’ores et déjà intégré cette nouvelle donne politique ; c’est le cas par exemple du PDP (Parti démocrate progressiste en Tunisie) qui pensait arriver dans les premiers. Sa présidente, sans attendre les résultats définitifs a déjà pris acte de sa cuisante défaite ; son mouvement avait pourtant axé sa campagne contre l’islamisme.

Du côté d’Ennahda, on avance un score d’environ 40 % des voix. Si cela est confirmé par l’Isié, la commission électorale seule habilitée à proclamer les résultats, cela rendrait le mouvement incontournable car du fait du mode de scrutin à la proportionnelle, aucun parti ne peut a priori obtenir la majorité absolue. L’heure est donc aux tractations pour tenter de dégager une majorité parlementaire, majorité dont Ennahda serait le parti pivot.

Les alliances possibles

En premier lieu, le parti islamiste pourra peut-être compter sur l'autre vainqueur de ce scrutin, l'outsider Moncef Marzouki. Son parti, le CPR se range certes au centre gauche mais en juillet dernier, après la répression des manifestations anti-gouvernementales de Kasbah 3, le Congrès pour la République avait cosigné un document donnant naissance à un front commun avec Ennahda pour condamner la violence policière.

Aujourd'hui le CPR dément toute rumeur d'alliance mais reconnaît partager 20% des vues du parti religieux. De même, d'autres formations plus petites comme le Parti ouvrier et communiste tunisien de Hama Hammami n'ont jamais vraiment rompu les discussions avec les islamistes. Le Poct pourrait donc lui aussi accepter des alliances ponctuelles.

Autre soutien possible, le parti Ettakatol. L'ancien FDTL du social-démocrate Mustapha Ben Jaafar s'est en effet toujours refusé à diaboliser la formation de Rached Ghannouchi à l'inverse du Pôle démocrate moderniste.

Les opposants à Ennahda

Cette coalition de gauche menée par l'ancien parti communiste Ettajdid a fait campagne sur le «tout sauf Ennahda». Même chose pour le Parti démocrate progressiste d'Ahmed Nejib Chebbi, donné en seconde position dans les sondages et qui semble avoir enregistré un très mauvais score dans les urnes. Sa secrétaire générale Maya Jribi a reconnu sa défaite lundi, en précisant que son parti se rangerait désormais dans le camp de l'opposition face à la future majorité islamiste.

Le combat politique va donc se jouer entre ceux qui accepteront de s’allier aux islamistes et ceux qui formeront un front opposé. Une fois cette question réglée, les nouveaux députés vont pouvoir s’atteler à la tâche pour laquelle ils ont été élus, rédiger la Constitution de la Tunisie nouvelle.

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