Avec notre envoyée spéciale à Misrata
Le chef du conseil militaire de Misrata a confirmé qu’une autopsie du corps de Mouammar Kadhafi aurait bien lieu samedi soir ou dimanche 23 octobre. Selon Ramadan Zermoah, une équipe de Tripoli, composée de plusieurs médecins légistes, conduira l’examen médical. « La communauté internationale veut des réponses quant à la mort du colonel Kadhafi et nous espérons que l’autopsie sera concluante », a-t-il déclaré. Ramadan Zermoah a aussi confirmé que le conseil militaire de Misrata tiendrait séance pour statuer sur le sort de la dépouille.
Le ministre de l’Intérieur par intérim, Ahmed Darat, devrait être présent à cette réunion. « Nous consultons toutes les parties, notamment le CNT, mais la décision finale nous appartient », a déclaré Ramadan Zermoah. La question du lieu de la sépulture semble être la plus épineuse. Safia Kadhafi, la veuve de Mouammar Kadhafi, exilée en Algérie, a appelé la communauté internationale à contraindre le CNT à remettre la dépouille de son mari à sa tribu. Selon Ramadan Zermoah, le conseil militaire n’exclut pas cette option. Cela éviterait de demander à quel endroit l’enterrer.
Certains jugent cependant ce scénario improbable, étant donné que la plupart des membres de la famille Kadhafi sont en fuite où à l’étranger. Par ailleurs, deux ex-dignitaires libyens échappent toujours aux troupes du CNT. Il s’agit du beau-frère de Mouammar Kadhafi, Abdallah Al Senoussi, qui a été signalé récemment dans le nord du Niger et du fils du dictateur déchu, Seïf al Islam, qui reste introuvable. Malgré cela, le CNT devrait annoncer dimanche 23 octobre «la libération totale» de la Libye.
Retour sur les circonstances de la mort de Mouammar Kadhafi
Notre envoyée spéciale à Misrata a rencontré Omrane, le chef de la brigade (katiba), qui avoir capturé le colonel Kadhafi.jeudi matin. Il affirme que pendant une dizaine de minutes les affrontements entre loyalistes et forces du CNT étaient d’une rare violence : «ça tirait dans tous les sens, les balles pleuvaient, si quelqu’un affirme avoir la tiré LA balle qui a tué Kadhafi c’est un imposteur» a-t-il déclaré à RFI samedi 22 octobre.
Selon lui Mouammar Kadhafi aurait reçu au moins deux balles, une à la tête, l’autre à l’estomac. Selon lui, des dizaines de combattants ont été blessés dans l’échange de tirs. Omrane reconnaît que le leader déchu a été malmené pendant les minutes qui ont suivi sa capture mais exclut qu’il ait reçu d’autres balles. Il confirme que Mouammar Kadhafi était inconscient mais encore en vie quand il est entré dans l’ambulance.
L’équipe aurait essayé dans un premier temps de l’acheminer au premier hôpital de campagne à quelques minutes à l’ouest de Syrte, mais l’ambulance aurait eu du mal à se frayer un chemin entre les dizaines de voitures et de combattants qui s’étaient amassés. Jugeant la situation trop instable et la sécurité non assurée, ils auraient décidé de pousser jusqu’à un autre hôpital, au kilomètre cinquante. Cette distance supplémentaire aurait été fatale à Mouammar Kadhafi. Omrane raconte que le médecin à bord de l’ambulance l’a déclaré mort quelques minutes avant leur arrivée. L’équipe aurait alors décidé de ne pas s’arrêter et de transférer immédiatement le corps sur Misrata.
Les zones d'ombre du récit
Si la version d’Omrane colle avec du CNT, elle minimise les violences infligées à Mouammar Kadhafi après sa capture et laisse aussi planer une zone d’ombre sur la détermination de l’équipe à essayer de lui sauver la vie. Si le premier hôpital de campagne en question était bien en ébullition à l’annonce de l’arrivée possible de Mouammar Kadhafi, la foule en question ne dépassait pas une soixantaine de personnes. L’hôpital n’était pas non plus saturé : l’équipe médicale aurait pu essayer de stabiliser l’état de Mouammar Kadhafi.