Libye : la gigantesque tâche du CNT après la fin de Mouammar Kadhafi

La « libération totale » de la Libye sera proclamée dimanche à Benghazi, selon un responsable du CNT. Après la mort du colonel Kadhafi, jeudi 20 octobre 2011, le Conseil national de transition (CNT) se prépare à mettre en place un gouvernement de transition et gérer les combattants de la révolution. Une lourde tâche si l’on tient compte des divisions politiques au sein du CNT et des revendications des chefs militaires et des combattants de la révolution.

Le CNT a devant lui des priorités qu’il faut régler au plus vite : unifier les différentes milices au sein d’une seule et même armée ; gérer la sécurité du pays ; éviter la guerre civile et mettre en place les nouvelles instances politiques. Une tâche complexe rendue encore plus difficile par les tensions internes qui fragilisent le Conseil de transition libyen.
Pour le représentant en France du CNT, Mansour Saif al-Nasr, le pays est désormais sur le chemin de la reconstruction.

Les divisions au sein du CNT

Maintes fois reportée, la création du premier gouvernement, dit de transition, ne peut plus être repoussée. C’est désormais un défi pour les membres du CNT qui doivent œuvrer pour installer le pouvoir à Tripoli, écrire la nouvelle constitution et définir un calendrier électoral, et cela, malgré les divisions.

Le président du CNT, Moustapha Abdeljalil a, lui-même, reconnu qu’il y a des tensions évidentes entre politiques et militaires, accentuées notamment depuis l’assassinat de l’ex-chef d’état major de la révolution, le général Younès, le 28 juillet 2011.

Tensions également à l’égard de l’actuel numéro deux du CNT, Mahmoud Jibril qui a une nouvelle fois annoncé sa démission mercredi 19 octobre 2011. Depuis des semaines, il est la cible des critiques des différents courants au sein du CNT, allant des islamistes à des responsables militaires. Ces derniers lui reprochent son passé kadhafiste et notamment son ancienne proximité avec Saïf al-Islam Kadhafi ainsi que ses liens avec les Occidentaux.

Divergences aussi entre les différentes composantes du CNT. Les islamistes et les libéraux de la société civile souhaitent une épuration en profondeur de l’ancien système, contrairement à ceux qui en sont issus. Et sur la nature de l’Etat libyen à venir, les libéraux et les anciens cadres kadhafistes se méfient des projets islamistes.

Désarmer et intégrer les combattants

Négocier avec les groupes combattants est un autre défi qui attend le CNT. Des unités combattantes, formées essentiellement de civils armés, obéissant à des chefs locaux, faisant allégeance au CNT mais agissant de manière indépendante, se sont constituées un peu partout en Libye. Et c’est à Tripoli, à Misrata et à Benghazi que les rebelles ont constitué les forces les plus nombreuses, les mieux organisées et les plus armées.

Lorsque l’heure de la réconciliation viendra, les commandants militaires comptent bien faire entendre leur voix. Pas plus tard qu’en début de cette semaine, et en répondant aux appels à la « réconciliation » de Mahmoud Jibril - numéro deux du CNT - le chef militaire de Tripoli, l’islamiste radical Abdelhakim Belhaj, a averti qu’il ne laisserait pas « confisquer la révolution par des opportunistes », une allusion aux tenants de l’ancien régime.

Tous les combattants se considèrent comme les véritables maîtres de la Libye ; ils sont tous adulés par la population et respectés dans toutes les zones libérées. Tous s’estiment en droit d’exiger leur part du trésor de guerre, qu’il soit financier ou politique. Certains, demandent même déjà des postes dans la future administration.

L’intégration des combattants dans une armée nationale ainsi que la récupération des quantités phénoménales d’armes en circulation, ce sont encore des défis des plus urgents pour les futures autorités libyennes.

Conformément à la feuille de route adoptée par le CNT en août dernier, un gouvernement de transition doit être formé d’ici un mois. Il sera chargé de mener la Libye à des élections libres huit mois plus tard. La fin de Mouammar Kadhafi et la libération totale de la Libye devraient favoriser la mise en pratique de cette feuille de route.

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