Le rapport sur les violences postélectorales au Nigeria met en garde contre une révolution

Au Nigeria, un comité nommé par le président à l’issue des violences postélectorales d’avril 2011 vient de rendre son rapport. A l’époque, plusieurs Etats du Nord, majoritairement musulman, s'étaient embrasés après l'annonce de la victoire de Goodluck Jonathan face à son principal adversaire, Muhammadu Buhari. Ce rapport contient plusieurs centaines de pages d'enquêtes et de recommandations visant à éviter que la situation ne dégénère en révolution sociale.

Sheikh Ahmed Lemu, le président du comité n’a pas mâché ses mots. Lors de la remise de son rapport, ce lundi 10 octobre à Abuja, il a estimé que le Nigeria pourrait faire face à une révolution si des mesures préventives ne sont pas prises à temps.

Selon l’enquête qu’il a mené à l’issue des violences postélectorales d’avril dernier, la corruption et l’insécurité alimentent la frustration et la déception générale. De là à envisager une révolution, l’affirmation laisse cependant de nombreux observateurs nigérians sceptiques.

Combler le fossé

Ce qui est certain en revanche, c’est que ces heurts qui ont fait plus de 800 morts en trois jours, ont creusé le fossé entre un Nord majoritairement musulman et un Sud à dominante chrétienne. Une situation délicate, d’autant que le désœuvrement croissant de la jeunesse du Nord constitue un terreau favorable à l’extrémisme musulman, notamment pour la secte Boko Haram.

Le chef de l’Etat Goodluck Jonathan a affirmé qu’il suivrait les recommandations du comité afin d’éviter la répétition des crises mais la tâche s’annonce difficile. Voilà des années que la corruption gangrène le Nigeria et ralentit son développement. En dépit de l’émergence progressive d’une classe moyenne, l’énorme manne pétrolière ne profite encore qu’à une petite élite laissant la majorité de la population dans la pauvreté.

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