Les raisons qui ont fait dégénérer une marche pacifique de milliers de Coptes dans la capitale demeurent floues. Hossam Bahgat, directeur de l'Initiative égyptienne pour les droits de l'homme a visité la morgue de l'hôpital copte du Caire et a pu y constater la violence de la répression sur la vingtaine de cadavres entreposés-là. Pour lui, un seuil a été franchi.
« C’est sans précédent. Pas seulement à cause du nombre de victimes. Mais aussi parce que ce sont les forces armées qui ont tué ces manifestants, en direct à la télévision. Et que cette télévision officielle incite à la violence», s'insurge Hossam Bahgat.
Les médias officiels montrés du doigt
La télévision, qui avec d'autres médias officiels dont l'agence d'Etat MENA, a imputé les troubles aux chrétiens eux-mêmes, accusés d'être armés. Un discours qui ne passe pas auprès des membres de la communauté. Le politologue Samer Soliman est l'un d'entre eux. « L’Etat n’a pas agi comme un Etat, J’ai jamais vu ça en Egypte. J’ai jamais entendu ce genre de discours à la télévision officielle qui accuse les coptes d’attaquer l’armée, de tuer des officiers et des soldats, et demande aux gens de protéger l’armée ! Je n’ai jamais entendu ça dans ma vie. Pour moi c’était pratiquement comme si la télévision officielle demandait aux musulmans d’attaquer les coptes. »
Directement mis en cause par les manifestants, le Conseil suprême des forces armées au pouvoir a demandé ce lundi au gouvernement de mener une enquête rapide sur les affrontements.
L’inquiétude de la communauté internationale
De nombreux pays et organisations internationales s'inquiètent des affrontements meurtriers entre des membres de deux communautés religieuses, des musulmans et des coptes, en Egypte. Les Etats-Unis, l'Union européenne et les Nations unies, notamment, craignent que ces heurts et ces tensions ne troublent la transition politique dans le pays. Cette transition est très délicate depuis la chute d'Hosni Moubarak, il y a huit mois.