Les Nations unies ont ouvert un nouveau camp en Éthiopie pour accueillir les réfugiés soudanais qui fuient les combats dans l'État du Nil Bleu.
Plus de 27 000 personnes ont franchi la frontière depuis les affrontements qui ont éclaté début septembre entre l'armée de Karthoum et les rebelles de la section nord du Mouvement de libération des peuples soudanais (SPLM-N)*.
Le nouveau camp est situé à 200 km au sud-est de la ville-frontière de Kurmuk où le SPLM-N a établi ses bases.
Après Abyei, le Sud-Kordofan, le Nil Bleu
Le Nil Bleu, tout comme le territoire d'Abyei et plus largement du Sud-Kordofan avec les monts Nouba, sont des États que l'on a désignés sous le terme de « territoires marginaux » dans le document final des accords de paix entre les rebelles du Sud-Soudan et le gouvernement (janvier 2005). Les liens entre ces territoires et la rébellion sudiste sont restés très étroits durant les deux guerres civiles.
Selon cet accord, les habitants de la zone d'Abyei doivent décider de leur appartenance au Soudan ou au Soudan du Sud par voie de référendum.
Le Sud-Kordofan, qui regroupe de nombreuses ethnies désignées sous le nom générique de Noubas (affiliés historiquement au Sud), et le Nil Bleu devaient être simplement consultés sur l'agrément des termes de l'accord de paix de 2005 et sur l'avenir de leurs relations avec le gouvernement fédéral. Le Nil Bleu a entamé sa consultation populaire mais n'a pas publié de propositions.
Le référendum sur l'appartenance d'Abyei a été repoussé plusieurs fois en raison d'un désaccord entre les autorités du Nord et du Sud sur l'éligibilité des votants. Les incidents se sont multipliés, s'étendant au reste du Sud-Kordofan après la publication des résultats des élections générales qui ont eu lieu dans cet État en mai 2011. Le candidat de Karthoum, Ahmed Haroun, est élu gouverneur à quelques milliers de voix du candidat du SPLM. De violents combats éclatent dans la région entre les partisans des deux camps.
Le 20 mai 2011, les troupes de Karthoum décident de mener un coup de force après un incident entre soldats du Nord et du Sud-Soudan [le Sud n'est pas encore indépendant, NDLR], et attaque la ville de Kadugli, la capitale de l'État du Sud-Kordofan, massacrant plusieurs centaines d'habitants, sous les yeux des casques bleus zambiens.
Jusqu'à aujourd'hui, et en dépit d'un cessez-le-feu, les combats et les bombardements ont continué.
Une force d'interposition des Nations unies (UNISFA) d'environ 500 hommes (sur 4 200) a été déployée dans la région d'Abyei, mais l'armée de Karthoum ne s'est toujours pas retirée du territoire comme prévu lors d'un accord intervenu en juin dernier.
Le Soudan du Sud est devenu indépendant le 9 juillet 2011. Depuis cette date, Karthoum a interdit le parti SPLM sur son territoire. Les représentants du parti ont été arrêtés et les bureaux saccagés par les forces de police.
Le 2 septembre, le président soudanais Omar el-Béchir limoge le gouverneur du Nil Bleu, Malik Agar, issu des rangs du SPLM-N, envoie ses troupes dans la capitale Damazin, et déclare l'état d'urgence le lendemain. Le prétexte a été fourni par un incident : les unités mixtes, créées par l'accord de paix de 2005 pour maintenir la sécurité à la frontière entre le Nord et le Sud pendant la période précédant l'indépendance, ont refusé d'être désarmées. Près de 50 000 personnes fuient les combats et les bombardements aériens.
Les forces armées du Soudan se prépareraient à une offensive sur la ville de Kurmuk.
* Le SPLM-N n'a pris cette dénomination qu'après le 9 juillet dernier. Le SPLM, le Mouvement de libération des peuples soudanais, est l'actuel parti au pouvoir en République du Soudan du Sud.