À Khartoum (Soudan) et à Juba (Soudan du Sud), les responsables politiques jouent la surenchère militaire.
Pour Khartoum, le Mouvement pour la libération des peuples soudanais (SPLM), le parti au pouvoir au Soudan du Sud, ne peut plus être considéré par le Nord comme un parti d'opposition mais comme un parti étranger puisque le Sud est devenu indépendant le 9 juillet dernier.
Ainsi le gouverneur élu du Nil Bleu, chef de la branche nord du SPLM a été évincé et remplace par un militaire, un général nommé par les autorités de Khartoum.
À Juba, le SPLM a répliqué par la voix de son secrétaire général pour menacer le régime d'Omar el-Béchir. « la seule option, a affirméYasser Arman, est de combiner des manifestations de masse et la lutte armée de l'est du Nil Bleu à l'ouest du Darfour pour obtenir un changement de régime au Nord ».
Le SPLM affirme par ailleurs que des tractations avec les trois principaux mouvements rebelles darfouris étaient en cours pour constituer une alliance.
Les deux camps ennemis s'accusent mutuellement de déstabilisation.
Sur le terrain, les combats font de nombreux morts chez les civils et jettent les populations sur les routes. Pour l'heure, ni l'ONU ni les Américains ne réussissent à stabiliser la situation.
Cette reprise des conflits risque d'aboutir à l'échec du processus de paix concretisé par l'accord de 2005 qui prévoyait de consulter les populations de ces États situés à la frontière entre les deux Soudan pour leur permettre de définir leurs relations tant avec le Nord qu'avec le Sud.
Le territoire d'Abyei, situé dans la partie méridionale du Sud-Kordofan, a fait l'objet d'un arbitrage de la Cour de La Haye sur sa répartition. Un référendum aurait dû avoir lieu pour déterminer son rattachement au Nord ou au Sud. Il a été reporté deux fois, en raison d'incidents. Depuis, les incidents se sont propagés jusqu'à la capitale du Sud-Kordofan, à Kadugli (mai 2011) où l'armée de Khartoum a été mise en cause dans des massacres de populations civiles et des attaques contre les casques bleus de l'UNAMIS.