Avec notre envoyée spéciale à Monrovia
A la fin de la guerre au Liberia il y a huit ans, l’armée et la police ont été dissoutes. En dehors de quelque 4 000 policiers libériens formés depuis par la Minul, ce sont donc les 8 000 casques bleus et 1 400 consultants et policiers de la mission de l’ONU qui assureront la sécurité des élections.
Ellen Margrethe Loj, patronne de la Minul et représentante du secrétaire général de l’ONU au Liberia s’est voulue rassurante hier jeudi : « Vous verrez du personnel de la Minul, militaires et policiers, à terre et dans les airs, partout à travers le pays. Nous sommes là pour vous protéger et vous permettre de voter en paix. »
A Monrovia, la campagne bat son plein, des pick-up circulent en ville avec à bord sono et militants. Une jeune adepte du parti au pouvoir reconnaît que des rumeurs circulent et en inquiètent certains : « Tout le monde est un peu inquiet, par exemple on a entendu que Prince Johnson disait aux gens de faire des provisions de nourriture au cas où…».
Prince Johnson, c’est cet ancien chef de guerre qui avait fait assassiner le président Doe devant les caméras en 1990. Il est candidat à la présidentielle cette année. Au Liberia, le spectre de la violence n’est jamais très loin. Pourtant, Lorenzo et ses amis vendeurs de rue et plutôt partisans de l’opposition, veulent croire que la page des années de guerre est définitivement tournée : « Il y a eu quatorze ans de guerre civile au Libéria. C’est très long, les gens n’ont pas envie de revenir en arrière. Quel que soit le vainqueur, nous n'irons pas dans la rue faire le bazar, on ne veut pas retourner en arrière. »
Jusqu’ici, la campagne s’est déroulée sans incident majeur. A Monrovia, tout le monde s’accorde à considérer ce scrutin comme un vrai test de l’instauration de la démocratie au Liberia.