Près de 1,8 million de Libériens sur 4 millions d’habitants étaient convoqués aux urnes mais au total, seuls 615 703 électeurs ont effectivement voté. Le taux de participation a ainsi légèrement dépassé les 34%. Pour être validés, les changements proposés devaient obtenir deux tiers des suffrages exprimés. Selon les chiffres communiqués par la Commission électorale nationale (NEC) aucune des quatre propositions n’a obtenu ce résultat, ce qui signifie que le « non » l’a emporté sur l’ensemble des propositions.
Toutes les réformes de la Constitution envisagées et soumises au référendum par la présidente Ellen Johnson Sirleaf ont été rejetées en bloc. Aucune des propositions n’a emporté la faveur des électeurs libériens.
Premièrement la réforme la plus contestée surtout par l’opposition, portait sur la réduction de dix à cinq ans de la période de résidence dans le pays pour tout candidat à la présidentielle. De nombreux candiadts et même la présidente sortante pourraient voir leur satut de candidat quelque chahuté du fait de leur résidence à l'étranger pendant la période de guerre civile (1989-2003). Interrogé par RFI, Stephen Ellis, chercheur au Centre d’études africaines de l’Université d’Amsterdam, pense que la Cour suprême sera sans doute saisie sur cette question.
Selon l’opposition cette mesure pourrait entrainer une multiplication des candidatures qui rendrait plus aisée la réélection de l’actuelle présidente du Liberia. Le deuxième échec du pouvoir, a porté sur l’âge de départ à la retraite des juges de la Cour suprême : de 70 ans actuellement il aurait été repoussé à 75 ans.
Constitution inchangée, calendrier électoral maintenu
Le pouvoir a également envisagé dans sa troisième proposition de reporter la date des élections au mois de novembre. Le peuple libérien s’y opposé et ainsi, les échéances initialement prévues sont maintenues : le premier tour des consultations présidentielle et législatives reste fixé au 11 octobre.
Une autre désillusion, et pas des moindres, porte sur le suffrage requis pour remporter une élection au premier tour. La majorité absolue n’aurait plus été nécessaire, sauf pour la présidentielle. Là aussi la multiplicité des candidatures aurait été un handicap sérieux pour l’opposition, souvent en ordre dispersé face au pouvoir sortant.
Plusieurs partis de l’opposition avaient appelé à boycotter le référendum ou à émettre un vote négatif, estimant le moment est inapproprié puisque le pays est déjà en campagne électorale. (du 5 juillet au 9 octobre). Changer les règles du jeu en ces moments a semblé, aux yeux des électeurs, une manipulation calculée dont ils se sont méfiés en suivant les recommandations des opposants à la réforme constitutionnelle.
Le rejet du référendum est un revers pour Ellen Johnson Sirleaf, candidate à sa propre succession, qui avait appelé ses compatriotes à se rendre massivement aux urnes et à voter « oui ». Les changements auraient permis, selon elle, des économies dans l’organisation des prochaines élections.
Piloté depuis six ans par Ellen Johnson-Sirleaf, seule femme à la tête d’un Etat africain, le Liberia connaît en 2011 une année charnière, avec la première élection présidentielle depuis la transition politique (2003-2005). Le scrutin y est particulièrement attendu car le pouvoir sort très affaibli de cette consultation.