L’Unicef ne prévoit pas de construire des latrines pour chaque foyer. L’argent sera utilisé pour faire prendre conscience aux populations de l’intérêt concret pour elles de ne plus aller faire leurs besoins dans un champ ou sur la plage. « Le fait de déféquer à l’air libre peut avoir des impacts sur l’économie du pays, sur le tourisme, sur le revenu des ménages et aussi sur les maladies », affirme Evariste Kouassi, membre de l'Unicef.
Quand un village du district de Betafo dans le centre du pays a été touché par une épidémie, il a payé cher son insalubrité et a même été rejeté par les communautés environnantes. Victime à l'époque, une habitante semble avoir été convaincue de la démonstration faite par les intervenants de l'Unicef. « Un animateur a pris un cheveu, l’a fait touché un excrément et l’a plongé dans un verre d’eau, raconte-t-elle. Ensuite, il nous a proposé de le boire. Evidemment, c’était non ! Après, on nous a demandé combien une mouche avait de pattes, et cela nous a définitivement dégoûté. Alors, dans tout le village, on s’est mis d’accord pour que chacun construise sa latrine ».
Les 13 maisons ont désormais leurs toilettes en torchis et en chaume, et des espaces ont été libérés pour reprendre l’agriculture. Cette stratégie-choc semble ainsi plus efficace que celles tentées depuis une dizaine d’années. « On a des communautés très réticentes depuis des années qui aujourd’hui, à travers les approches qu’on est en train de mettre en œuvre, changent énormément », rapporte Evariste Kouassi.
Il a été calculé que la défécation à l’air libre coûtait près de 200 milliards par an au pays.