Zambie : les défis du nouveau président Michael Sata

En Zambie, Michael Sata, le nouveau président élu et leader du Front patriotique (FP) a prêté serment ce vendredi après-midi 23 septembre 2011. La cérémonie a eu lieu à la Cour suprême à Lusaka. Le chef de file de l'opposition a promis de « combattre le fléau de la corruption ». Les défis ne manquent pas pour le nouveau chef de l'Etat.

Michael Sata est un tribun. Il a même gagné le surnom de King Cobra (roi Cobra) parce qu’il a la langue particulièrement acérée. Il a 74 ans, mais son âge ne l’a pas empêché d’être très populaire parmi les jeunes, ceux qui ont voté pour la première fois de leur vie à l’occasion de cette présidentielle. Son discours a des accents populistes qui ont particulièrement plu parmi les plus pauvres, les urbains, alors que Rupiah Banda a engrangé des voix dans la classe moyenne et dans les campagnes.

C’était la quatrième candidature de Michael Sata à la présidence. La dernière fois il a échoué de peu, seulement 35 000 voix d’écart avec Rupiah Banda. Il met fin à 20 ans de règne du Mouvement pour la démocratie multipartite (MMD). Les électeurs ont misé sur le changement plutôt que sur la continuité promise par son adversaire.

L’obstination de Michael Sata a fini par payer. Et également ses promesses de mieux redistribuer les richesses du pays, de combattre la corruption, et de renforcer la législation du travail. Sans parler de son discours musclé contre la présence chinoise dans le pays. Un discours qu’il a un peu adouci ces derniers temps mais qui a trouvé un formidable écho auprès de la population.

Sata critique une présence chinoise trop forte

C'est une composante inévitable de la Zambie d'aujourd'hui et cela dès l’aéroport à Lusaka. Les Chinois sont dans tous les secteurs d’activité du pays, mais principalement dans les mines (90% des investissements chinois). Ce qui fait grincer quelques dents. D’abord parce que beaucoup de Zambiens sont au chômage quand des Chinois sans qualification obtiennent des visas et un travail pour couler le ciment ou conduire des engins de chantier en Zambie. Ensuite parce que pour faire venir les investisseurs, Rupiah Banda, le président sortant, leur avait accordé d’importants avantages fiscaux. Donc les Chinois sont là, la croissance est là mais la population n’a pas l’impression d’en avoir tiré les bénéfices.

Un pays pauvre malgré de nombreux atouts

La Zambie a de nombreux atouts : des ressources -notamment d'importants gisements de cuivre- la présence chinoise -gage de dynamisme économique- et une croissance forte. La croissance zambienne a été l’une des plus dynamiques du continent l’an dernier. Les perspectives pour cette année sont bonnes également. Le pays est le premier producteur africain de cuivre, il fait partie des dix premiers mondiaux. Et quand on sait que le cours du cuivre a littéralement explosé ces dernières années, cela promet de confortables revenus à la Zambie si elle revoit son système fiscal.

Mais malgré ces atouts, la Zambie reste pauvre, plus de 60% de la population vit avec moins de 2 dollars par jour. Et le pays qui a été un temps un champion de la lutte anticorruption voit revenir aujourd’hui de vieilles pratiques.

Michael Sata promet de « combattre le fléau de la corruption »

Michael Sata s'est fait élire grâce au vote des pauvres, grâce au vote des oubliés de la croissance zambienne. Et ils sont nombreux. De fait, Michael Sata est très attendu sur les questions économiques et sociales.

Cela a a certainement été un tournant dans la vie politique zambienne ces derniers mois quand une cour britannique a condamné l’ancien président Frederick Chiluba pour détournements de fonds, et qu’il a ensuite été acquitté à Lusaka. Rupiah Banda et le MMD n’ont pas voulu faire appel et la brigade de lutte anticorruption a été démantelée et son chef remercié.

Michael Sata a promis de lutter contre la corruption et de meilleures conditions de vie pour tous. Si les investisseurs étrangers s’inquiètent un peu aujourd’hui de le voir arriver au pouvoir à cause de son discours antichinois (même s’il promet aujourd’hui qu’il va travailler avec eux), de sa tendance autoritaire et de l'admiration qu'il affiche pour le président zimbabwéen Robert Mugabe, les Zambiens, eux, attendent beaucoup de lui.

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