Avec notre envoyé spécial à Syrte,
C'est une fréquence radio que les ex-rebelles aux portes de la vile natale du colonel Kadhafi évitent soigneusement. Au milieu des combats sur 98 FM, Radio Syrte émet toujours et diffuse en boucle, des chants kadafistes au désespoir des forces du CNT :
« Ils n'arrêtent pas dire vous devez protéger votre ville, vous devez protéger votre pays! Nous allons vous fournir des armes pour cela ne vous inquiétez pas! »
Syrte est encerclée par les révolutionnaires. Abdallah, un habitant de 40 ans, était kadhafiste il y a quelques jours encore. Il jure n'avoir vu les premier rebelles qu'en fuyant les combats, et s'être rendu compte à cet instant. qu'il était libyen et pas étranger.
« A Syrte on ne peut pas comprendre, dit-il, ce qu'il se passe à l'extérieur à cause de la propagande de Kadhafi. Avan,t on ne voyait pas les rebelles, on croyait qu'ils venaient de France ou des Etats-Unis. On ne savait pas très bien. Mais aujourd'hui on voit qu'ils sont Llibyens, ils viennent de Misrata. Alors maintenant je suis de leur côté! »
A l'intérieur, selon lui, la moitié soutiendrait encore les kadafistes. C'est aussi l'avis de nombreux révolutionnaires. Lorsque Mohamed, jeune combattant de 16 ans, est entré dans la ville avec son pick-up et son canon de 106 mm, il a d'abord été acclamé puis le piège s'est refermé sur sa brigade :
« Quand on entre dans la ville des familles nous disent souvent Allah Ouakbar on est avec vous! Et puis on avance et ils nous tirent dessus à la roquette. Les forces de Kadhafi utilisent certaines familles pour nous tuer ».
Jusqu'ici l'entrée des rebelles dans une ville coïncidait avec son soulèvement. Dans le bastion kadafiste de Syrte, c'est loin d’être le cas. Les forces du CNT espèrent donc vider la ville de sa population civile pour la pilonner à l'arme lourde.
Des milliers de refugiés africains
Conséquence des combats en Libye depuis le mois de février, des milliers de réfugiés qui se trouvaient dans le pays ont dû fuir, mais n'ont nulle part où aller. Aujourd'hui, selon Amnesty International, 5 000 réfugiés, originaires de Côte d'Ivoire, d'Erythrée, d'Ethiopie, de Somalie ou encore du Soudan sont bloqués en Tunisie ou en Egypte. Et les pays européens ne font rien ou presque, selon l'organisation qui leur demande de prendre d'urgence des mesures d'accueil.
Les Etats Unis, l'Australie ou le Canada ont fait des propositions pour acceuillir ces personnes, mais seuls huit Etats membres de l'Union européenne ont fait de même. Patrick de Louvin, directeur des actions France d'Amnesty International, est inquiet de cette situation et pour cause.