Le président Malam Bacaï Sanha désavoue sans ménagement son Premier ministre

En Guinée-Bissau, la présidence de la République désavoue le Premier ministre sur le dossier libyen. Lors d’une interview, le chef du gouvernement, Carlos Gomes Junior, avait déclaré que son pays était prêt à accueillir « à bras ouverts » Mouhammar Kadhafi si celui-ci le souhaitait. Malam Bacaï Sanha, le chef de l’Etat a indiqué vendredi 16 septembre 2011 qu’il était « préoccupé » par la déclaration de son Premier ministre et qu’il n’irait pas « dans la même direction que cette déclaration ». Malam Bacaï Sanha veut au contraire « intensifier le dialogue avec les nouvelles autorités libyennes ». Deux positions, un désaveu : un nouveau signe de la compétition qui oppose les deux hommes.

Avec notre correspondant dans la sous-région,

Malam Bacaï Sanha et Carlos Gomes Junior ont beau appartenir au même parti, le PAIGC, ils sont également rivaux en politique. Gomes Junior aurait voulu un autre candidat que Malam en 2009. Après la victoire de ce dernier lors du scrutin présidentiel, de nombreux observateurs se sont demandé si les deux responsables parviendraient à travailler ensemble à la tête de l’exécutif.

« Ca a été difficile, il y a eu des tensions, mais ils en étaient arrivés à un modus-vivendi », résume le chercheur en sciences politiques Fafali Koudawo. Pourquoi, dès lors, ce désaveu sans précaution du premier ministre par le président ?

Pour Fafali Koudawo, « Malam Bacaï Sanha joue certainement là un coup-double, il corrige tout d’abord une fausse note vis-à-vis de la communauté internationale…Et en même temps il se réaffirme sur l’échiquier politique bissau-guinéen, alors que ses problèmes de santé l’avaient mis en retrait ces derniers temps. »

Vincent Foucher, d’International crisis group, estime pour sa part que « les relations sont restées compliquées entre les deux hommes depuis l'élection présidentielle ». Selon ce chercheur, Gomes Junior « est plutôt en position de force, entre autres parce qu'il est bien vu de la communauté internationale ». En se démarquant de son Premier ministre dans l'affaire libyenne, poursuit Vincent Foucher, « Malam Bacaï Sanha essaie donc probablement de marquer à son tour des points vis-à-vis des pays occidentaux ».
 

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