Affaire Bourgi : les ex-cadres de Mobutu «choqués» par la démarche de l'avocat franco-libanais

Dans ses révélations, Robert Bourgi affirme qu’en 1995, il avait remis 10 millions de francs français au président français à Jacques Chirac et à son secrétaire général à l'époque Dominique de Villepin de la part du Maréchal Mobutu, alors président du Zaïre. A Kinshasa, les acteurs de l’époque ne souhaitent pas confirmer, mais ils admettent que cette pratique n’avait rien d’extraordinaire.

Les anciens cadres du régime Mobutu sont encore assez nombreux à l’Assemblée, au Sénat, dans les ministères. Ceux que nous avons interrogés, se disent choqués par ce déballage. « C’est indécent, dit l’un d’eux, quand on vous donne un coup de main pour une campagne électorale, on ne balance pas après. Et ce Monsieur Bourgi, il n’a pas du faire cela gratuitement ».

Personne ne dit se souvenir du passage de Robert Bourgi précisément en 1995. Mais tous admettent qu’il était courant que Mobutu finance des politiciens français ou belges. Mobutu donnait plutôt à droite, raconte un sénateur. Il n’avait pas la subtilité de Bongo qui savait doser et arroser de tous les côtés.

Quant à la somme de 10 millions de francs de l’époque c'est-à-dire un million et demi d’euros, elle n’étonne personne. Ici c’était facile, disait un ancien haut fonctionnaire. Il suffisait de puiser dans la Banque centrale. Sinon on avait des entreprises d’Etat comme la Gecamine ou l’Office des transports où on pouvait prendre du cash sans problème, sans formalité. Pour le moment, personne ne souhaite accompagner Robert Bourgi dans ses accusations. Au contraire, la démarche est jugée inélégante.

La voix de l'homme de la rue

Si le Burkina Faso a qualifié de« grotesques » l'implication du président Blaise Comporé, Bernard Houdin, conseiller de l'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, affirme que ces financements occultes étaient « une pratique historique ». Laurent Gbagbo aurait envoyé à Jacques Chirac environ 3 millions d’euros en 2002. Mais nombre d'Abidjanais se disent déçus et choqués par ces remises de fonds.

A en croire encore Robert Bourgi, l'un des principaux bailleurs de fonds de la Françafrique à cette époque là, était feu le président gabonais Omar Bongo. Celui que Bourgi appelait «papa» aurait versé des millions aux politiques français. Dans les rues de Libreville, c'est la déception qui frôle la colère. 

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