La nouvelle Libye assure qu’elle maintiendra ses relations avec Londres et Washington

Après les révélations selon lesquelles les États-Unis et la Grande-Bretagne auraient coopéré avec les services secrets du régime de Kadhafi, n’hésitant pas à leur livrer des prisonniers, le CNT a fait savoir, par la voix d’Abdelhakim Belhaj, actuel commandant de la milice rebelle à Tripoli, qu’il demandait des excuses aux deux pays. Mais il a précisé mardi 6 septembre que la nouvelle Libye aura toujours des relations avec les deux pays. Même si l’affaire pourrait écorner l’image de Londres et Washington.

Abdelhakim Belhaj assure que les récentes révélations basées sur les archives retrouvées au siège des services secrets de Kadhafi n’empêcheront pas la nouvelle Libye « d’avoir des relations normales avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ». Mais le malaise est grand et la demande d’excuses semble fondée sur des faits précis et bien documentés. Belhadj, considéré à l’époque comme militant islamiste, avait été enlevé à Bangkok, avec sa femme enceinte, et livré aux Libyens qui l’ont torturé. Les documents retrouvés à Tripoli évoquent au moins huit autres cas similaires.

En même temps, l’Allemagne reconnaît avoir reçu des renseignements des services secrets de Kadhafi, mais affirme « ne pas avoir franchi la ligne » qui consisterait à organiser des actions conjointes. A Londres et Washington, on souligne qu’il ne faut pas « se précipiter pour juger », car après les attentats du 11- Septembre, les services spéciaux pensaient en toute bonne foi être autorisés à tout faire pour protéger leurs pays de nouvelles attaques terroristes. Au Royaume-Uni, la commission d'enquête sur les pratiques des services secrets britanniques a déclaré qu’elle examinerait les accusations selon lesquelles Londres aurait coopéré avec les services de Kadhafi, et leur aurait même livré des prisonniers.

Commission d'enquête indépendante

« Nos investigations portent sur le degré d'implication des autorités britanniques et leur connaissance des mauvais traitements aux détenus, y compris le fait de les livrer », a expliqué un porte-parole de la commission indépendante. David Cameron, le Premier ministre britannique, issu du parti conservateur alors qu’à l’époque des faits, les travaillistes étaient au pouvoir, a lui souligné qu’il fallait se « rappeler la situation dans laquelle le monde et [la Grande-Bretagne] se trouvaient après le 11-Septembre, il y avait une vraie inquiétude concernant des gens qui voulaient détruire notre pays ». Il a par ailleurs affirmer qu'il soutenait la décision de la commission d'enquête.

Le ministre des Affaires étrangères britannique qui était en poste au moment des faits, le travailliste Jack Straw, a lui formellement démenti les révélations : « Non seulement nous n'avons jamais approuvé ces méthodes, mais nous ne nous en sommes jamais rendus complices », a-t-il martelé, avant de se dire également favorable à ce que la commission d’enquête se saisisse de l’affaire.

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