Abdelhakim Belhaj assure que les récentes révélations basées sur les archives retrouvées au siège des services secrets de Kadhafi n’empêcheront pas la nouvelle Libye « d’avoir des relations normales avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ». Mais le malaise est grand et la demande d’excuses semble fondée sur des faits précis et bien documentés. Belhadj, considéré à l’époque comme militant islamiste, avait été enlevé à Bangkok, avec sa femme enceinte, et livré aux Libyens qui l’ont torturé. Les documents retrouvés à Tripoli évoquent au moins huit autres cas similaires.
En même temps, l’Allemagne reconnaît avoir reçu des renseignements des services secrets de Kadhafi, mais affirme « ne pas avoir franchi la ligne » qui consisterait à organiser des actions conjointes. A Londres et Washington, on souligne qu’il ne faut pas « se précipiter pour juger », car après les attentats du 11- Septembre, les services spéciaux pensaient en toute bonne foi être autorisés à tout faire pour protéger leurs pays de nouvelles attaques terroristes. Au Royaume-Uni, la commission d'enquête sur les pratiques des services secrets britanniques a déclaré qu’elle examinerait les accusations selon lesquelles Londres aurait coopéré avec les services de Kadhafi, et leur aurait même livré des prisonniers.
Commission d'enquête indépendante
« Nos investigations portent sur le degré d'implication des autorités britanniques et leur connaissance des mauvais traitements aux détenus, y compris le fait de les livrer », a expliqué un porte-parole de la commission indépendante. David Cameron, le Premier ministre britannique, issu du parti conservateur alors qu’à l’époque des faits, les travaillistes étaient au pouvoir, a lui souligné qu’il fallait se « rappeler la situation dans laquelle le monde et [la Grande-Bretagne] se trouvaient après le 11-Septembre, il y avait une vraie inquiétude concernant des gens qui voulaient détruire notre pays ». Il a par ailleurs affirmer qu'il soutenait la décision de la commission d'enquête.
Le ministre des Affaires étrangères britannique qui était en poste au moment des faits, le travailliste Jack Straw, a lui formellement démenti les révélations : « Non seulement nous n'avons jamais approuvé ces méthodes, mais nous ne nous en sommes jamais rendus complices », a-t-il martelé, avant de se dire également favorable à ce que la commission d’enquête se saisisse de l’affaire.