Etats-Unis : le débat sur la torture refait surface après la mort de ben Laden

Presque une semaine après l'opération Geronimo qui a conduit à la mort d'Oussama ben Laden, les Etats-Unis ont rendu publiques cinq vidéos saisies dans la maison d'Abbottabad qui montrent Oussama ben Laden mais apportent peu d'informations supplémentaires ni sur la façon dont il vivait ni la façon dont il est mort. En revanche, une question monte de plus en plus aux Etats-Unis : comment les services de renseignements américains sont-ils parvenus à identifier et à localiser le messager d'Oussama ben Laden, l'homme qui les a conduits sans le savoir jusqu'au chef d'al-Qaïda ? Une question qui est loin d'être anecdotique.

La question des méthodes d'investigation et donc de l'usage de la torture, qui a tellement marqué l'administration Bush, est de nouveau posée. Ce sont d'ailleurs ses proches qui relancent le débat. Selon eux, c'est Khalil Cheikh Mohammed, le cerveau des attentats du 11 septembre et bourreau de Daniel Pearl, qui a donné le nom de ce messager après avoir été soumis une fois de plus, 183 fois au total, au « waterboarding », la simulation de noyade.

Un débat éthique et évidemment politique

« La technique a permis de recueillir un nombre incalculable d'informations », surenchérit Donald Rumsfeld, ancien ministre de la Défense. « Faux », répondent les spécialistes. Au contraire, Khalil Cheikh Mohammed a passé son temps à envoyer les enquêteurs sur de fausses pistes.

Le débat est non seulement éthique mais à un an de la présidentielle, il est évidemment politique. John Yoo, vice-ministre de la Justice sous George Bush, a d'abord estimé que le succès de l'opération revenait entièrement à l'administration Obama mais trouvait ses sources dans l'ère Bush avant d'en attribuer tous les mérites à l'ancien président.

Plusieurs autres conservateurs lui ont emboité le pas dont un futur candidat à l'élection présidentielle. Car si l'usage de la torture était avéré, les conservateurs auraient beau jeu de reprocher à Barack Obama d'avoir autorisé des méthodes qu'il avait tellement condamnées.

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