Procès Moubarak : début de la troisième audience loin des caméras

Hosni Moubarak, l’ancien président égyptien, a fait son entrée allongé sur une civière à l’école de police du Caire où se tient son procès depuis le mois dernier. Pas d’images cette fois-ci, car à la différence des deux précédentes audiences, cette troisième comparution se fait aujourd’hui loin des caméras. Mais ce n’est pas la seule nouveauté : le procès s’ouvre pour la première fois en présence de témoins.

Avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti

Ce lundi 5 septembre 2011, l’ancien président égyptien Hosni Moubarak, âgé de 83 ans est arrivé allongé dans une ambulance devant les bâtiments de l'école de police, là où siège la cour pénale devant laquelle il comparaît pour meurtres et corruption. Par ailleurs, M. Moubarak a été amené en hélicoptère d'un hôpital des environs du Caire où il est actuellement soigné.

Le procès s’est ouvert en présence de témoins à charge, pour la première fois.Jusque-là, on était dans la procédure entre avocats de la défense, procureurs, avocats des parties civiles. Mais là, on a des témoins à charge expliquant, selon l’enquête, que des policiers ont reçu des ordres de tirer à balles réelles sur les manifestants. La répression de la révolte qui a abouti au départ d’Hosni Moubarak aurait fait officiellement près de 850 morts.

Accrochages entre pro et anti-Moubarak

Il y a eu des accrochages bien avant le début du procès. Ceux-ci ont commencé d’abord entre les pro-Moubarak et les anti-Moubarak. Puis, il y a eu l’arrivée d'une cinquantaine de parents de victimes qui ont essayé de forcer le barrage policier pour entrer à l’académie de police et assister à la séance du tribunal. Plusieurs centaines de policiers, des brigades anti-émeutes, les en ont empêché. La colère est montée et des pierres sont jetées sur des forces de l’ordre. Une colère qui se retourne même contre l’armée.

« Le maréchal Tantaoui est le plus grand des agents américains. Il défend le régime d’Hosni Moubarak », se fâche Mohamed Ousmane, un frère de victime. « Le peuple égyptien doit se réveiller. C’est la même police et les mêmes méthodes, et d'insister, c’est l’armée qui aurait dû être là ».

Mohamed Ousmane conteste même tout le processus de réformes démocratiques annoncées : « Le peuple égyptien, s’il ne se réveille pas, sera traité à coups de pied. Les élections sont déjà cuisinées par les Américains. Je jure sur Dieu que personne ne réussira. Hosni Moubarak volait les élections, eux ils se moquent de nous ».

La colère des familles des victimes pourrait aller crescendo, certains avocats estimant que le procès pourrait durer jusqu’au mois de juin.

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