Avec notre envoyé spécial à Tripoli,
Le rendez-vous est organisé dans un parc discret du centre-ville. Mustapha est médecin. Inquiet, il regarde tout autour de lui. Malgré la peur, il reste à Tripoli pour soigner ses frères africains terrés dans la capitale :
« Il y a des gens qui vont mal mais qui n’osent pas aller à l’hôpital. J’essaie d'aider le maximum de personnes pour apaiser leurs douleurs. Ils vivent vraiment l’enfer chez eux. Tous les gens ici ont peur. Ils n’osent même pas t’écouter. Ils [les Libyens, NDLR] disent : "Ce sont des mercenaires !Il faut les laisser mourir" ».
« Mercenaire » est un mot tabou à Tripoli pour la communauté africaine. Pour Mustapha, ces hommes pauvres étaient prêts à tout pour gagner un peu d’argent : « Il y a des gens qu’on a recrutés et qu’on a payés. Ce sont des gens qui ne réfléchissent pas, ce sont des gens qui n’ont pas fait l’école. Je peux dire que tout ceci, c’est à cause de l’argent promis. Tous ne sont pas des mercenaires. Nous, on est là pour travailler et aider nos familles au pays ».
Avant de quitter discrètement les lieux, Mustapha lance un dernier appel : « J’ai vu des choses vraiment inexplicables. J’ai vu des choses, c’est gravé dans ma mémoire. Le régime qui vient ne fait rien pour aider la communauté africaine qui est là. Les gens n’ont vraiment rien et c’est pour cela qu’ils restent en Libye ».
Sans décision du Conseil national de transition sur le statut des Africains, le futur de ces hommes reste plus qu’incertain.