Après les périodes de division entre les pays concernant les opérations militaires, il s'agit maintenant de rassembler la communauté internationale et de soutenir les nouvelles autorités pour les aider à reconstruire une Libye nouvelle. Telle est, selon l'Elysée, l'ambition de cette réunion convoquée à Paris.
Il n'y aura d'ailleurs pas que des partisans du Conseil national de transition. La Chine et la Russie qui n'ont pas reconnu le Conseil national de transition y seront représentés : Pékin dépêche son vice-ministre des Affaires étrangères comme observateur, et Moscou envoie à Paris le représentant spécial pour l'Afrique Mikhaïl Marguelov.
Ces deux pays s'étaient abstenus lors du vote des deux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU notamment celle du 26 février qui a permis l'intervention militaire, qu'ils avaient alors largement critiquée, sans pour autant l'empêcher.
L'enjeu est maintenant de débloquer au plus vite les fonds libyens gelés à l'étranger pour permettre aux nouvelles autorités d'en disposer pour la reconstruction, le paiement des salaires, et d'éviter le chaos. Plusieurs pays se sont engagés à débloquer ces fonds, mais il faudra une autre résolution du Conseil de sécurité pour libérer ces actifs.
Divergences de vue africaines
Pour Paris, la phase de la transition s'est ouverte avec la victoire des insurgés à Tripoli. Un point de vue que ne partage pas du tout l'Union africaine, qui considère que des combats sont toujours en cours et qu'il est prématuré de reconnaître le CNT.
Le président malien Amadou Toumani Touré devrait donc défendre la feuille de route de l'Union africaine en tant que membre du comité ad hoc de l'UA sur la Libye, aux côtés du président mauritanien Mohamed Abdel Aziz et du chef de la commission de l'UA Jean Ping. Ils croiseront les présidents sénégalais Abdulaye Wade et tchadien Idriss Déby qui eux considèrent le CNT comme interlocuteur légitime.
Paris n'a pas d'inquiétude face à une éventuelle dérive islamiste du CNT. Ce n'est pas le sentiment d'Alger, qui n'a pas reconnu le CNT, contrairement aux autres voisins de la Libye comme le Tchad, l'Egypte ou encore la Tunisie. Il n'empêche, Alger dépêchera son chef de la diplomatie Mourad Medelci.
Au chapitre des sujets qui fâchent, le dégel des avoirs libyens. Comme la Chine et la Russie, il n'enthousiasme guère l'Afrique du Sud, qui boudera la Conférence des amis de la Libye.
Les deux principaux responsables du CNT , Moustapha Abdeljalil et Mahmoud Jibril, doivent profiter de leur présence à Paris pour présenter leur «feuille de route» vers la démocratie et, surtout, leurs besoins urgents en matière d'aide et de reconstruction.
Otman Bensassi, autre membre du CNT qui participe à la conférence, les détaille.