Abdessalem Jalloud a-t-il autorité sur la tribu des Megharas, cette tribu du sud libyen restée fidèle au colonel Kadhafi ? C'est toute la question. On sait qu'il n'en est pas le leader mais néanmoins une figure emblématique.et qu’il dispose d'une base sociale. Abdessalem Jalloud pourrait entrainer derrière lui la reddition en masse de nombreux combattants kadhafistes, et si son ralliement à la rébellion se concrétise, il pourrait être un soutien de poids : pour l'instant, il y a peu de représentants de l'ouest et du sud au sein du Conseil national de transition de Benghazi.
Cependant l'homme qui a accompagné le coup d'Etat du colonel Kadhafi en 1969, est tout aussi imprévisible que lui, une donnée qui ne plaide pas forcément en sa faveur. Pour Patrick Haimzadeh, ex-diplomate français en Libye, et auteur du livre Au coeur de la Libye de Kadhafi, la prudence est de mise sur ce qui entoure ce départ. Rappelant le cas de Moussa Koussa - fidèle de Kadhafi ayant lâché le pouvoir au début des combats mais n’ayant pas rejoint officiellement le CNT – il met en garde contre les « vraies-fausses défections ». « Ce sont peut-être des gens qui ont envie, tout simplement, se sauver leur peau et celle de leur famille, précise Patrick Haimzadeh, et qui n’ont pas pour autant envie de reprendre des fonctions politiques (…) ».
Alors, Abdessalem Jalloud a-t-il vraiment l'intention de collaborer avec les insurgés ? Ou est-il simplement entré en pourparlers avec eux afin de préparer l'après-Kadhafi et de protéger sa tribu ? L'ex-numéro deux du régime libyen est, pour l'heure, en Italie avec sa famille.