Lundi 8 août. Premier avertissement.
Les marchés ont eu deux jours pour digérer la nouvelle annoncée vendredi 5 août 201 au soir après la clôture de la bourse américaine : Standard & Poor’s, l’une des trois grandes agences de notation financière, a décidé de dégrader la note des Etats-Unis, le fameux triple A censé garantir l’infaillibilité financière d’un pays.
A l’ouverture lundi matin, les places européennes perdent du terrain, mais sont très loin du krach. Les déclarations rassurantes des dirigeants du G7 et du G20, de même que l’annonce de la Banque centrale européenne (BCE) affirmant qu’elle soutiendrait directement les dettes de l’Italie et de l’Espagne, semblent avoir porté leurs fruits.
Mais la tendance se retourne brutalement à l’ouverture de la bourse américaine. Affolés par la perspective d’une récession de l’économie américaine, les opérateurs vendent à tour de bras : Paris perd quasiment 5%, New York finit à - 5,5%. C’est la pire journée pour Wall Street depuis la fin de l’année 2010.
Mardi 9 août. Un rebond en trompe-l’œil.
Contre toute attente, les marchés se rassurent au lendemain de cette première journée noire. Les bourses européennes retrouvent des couleurs, et sont confortées par les décisions de la Fed, la Réserve fédérale américaine, qui annonce un gel de ses taux directeurs jusqu’en 2013. A Wall Street, les décisions de la banque centrale américaine font plus que rassurer : les opérateurs s’enthousiasment, la bourse américaine finit sur un gain de 3,9%.
Mercredi 10 août. La panique s’installe.
Le répit sera de courte durée. Après une ouverture encourageante, les places européennes replongent à la mi-journée. En moins de deux heures, une série de rumeurs vient semer la panique sur les marchés. Deux d’entre elles visent directement la France et le Cac 40 sera l’un des indices les plus touchés par cette nouvelle journée noire.
La première rumeur concerne la note financière de la France, qui serait sur le point d’être dégradée par Fitch. La deuxième vise la Société générale, « au bord de la faillite » selon un article de la presse britannique datant de plusieurs jours et curieusement revenu sur le devant de la scène. Les deux rumeurs sont démenties par les principaux concernés mais le mal est fait : la Société générale perd 14%, la Bourse de Paris s’effondre, et avec elle l’ensemble des places européennes, bientôt suivies de Wall Street. Le bilan est désastreux : -5,4% à Paris, -5,1% à Francfort, -6,6% à Milan et -4,6% à New York. Le krach n’est pas loin.
Jeudi 11 et vendredi 12 août. Les politiques reprennent la main.
Les rumeurs qui ont émaillé la journée de mercredi font réagir les autorités françaises. L’Autorité des marchés financiers (AMF), le gendarme de la Bourse française, estime qu’on a voulu « tester la résistance française ». L’ESMA, l’autorité européenne de régulation des marchés, annonce des restrictions sur les ventes à découvert de certaines valeurs financières.
Parallèlement à ces annonces, Paris et Berlin tentent de reprendre la main en annonçant, pour le mardi suivant, le 16 août 2011, une réunion entre Nicolas Sarkozy, le président français, et Angela Merkel, la chancelière allemande. A Rome, Silvio Berlusconi accélère le tempo de son plan d’austérité. Il sera annoncé dans la soirée de vendredi, et son ampleur (20 milliards d’euros d’économies en 2012 et en 2013) vise à rassurer les marchés sur la capacité du gouvernement italien à juguler les déficits.
Après une séance de jeudi très volatile, mais qui s’achève dans le vert pour l’ensemble des places boursières, le rebond se confirme dans la journée de vendredi 12 août 2011, Paris gagnant plus de 4% à la clôture.