Avec notre correspondante à Rome, Anne Le Nir
Une jeune femme de nationalité nigérienne, comme la majeure partie des rescapés, hébergée dans le centre d’accueil de Lampedusa, a réussi à sauver son bébé de deux mois avec le peu de lait maternel qu’elle parvenait à lui donner. Elle raconte avoir vu plusieurs gros navires.
Robert, 20 ans, le dit lui aussi : « Personne n’a prêté attention à nous si ce n’est un remorqueur chypriote ». Parmi la centaine de corps jetés à la mer, il y avait celui de son cousin. « Que pouvions-nous faire ?, s’écrit-il en faisant le signe de croix comme s’il voulait demander pardon. Depuis cinq jours, nous n’avions ni eau, ni aliment. Nous avons été repérés par des navires dotés de canons et de radars, mais ils ne se sont pas approchés alors qu’avec un peu d’eau et un peu de pain, des dizaines et des dizaines de personnes n’auraient pas eu comme lieu de sépulture le fond de la Méditerranée ».
De son côté, un militaire italien explique, sous couvert de l’anonymat, qu’il est impossible que des navires dotés de puissants radars n’aient rien vu : « On veut sauver la population en Libye en bombardant Tripoli, mais on laisse mourir en mer ceux qui fuient la guerre. C’est un insoutenable paradoxe », se désole-t-il.
La police financière et les gardes-côtes italiens ont secouru cette nuit deux nouvelles embarcations au large des îles Pélage avec à bord 311 migrants au total, pratiquement tous d’origine subsaharienne. Et on attend 123 migrants qui eux ont été interceptés dans le canal de Sicile. Ils doivent arriver ce samedi à Lampedusa.