La prudence et l'embarras dominent dans les chancelleries européennes après l'assassinat du général Younès. Paris se refuse à toute spéculation sur les circonstances troubles de sa mort et Londres, tout en le condamnant, reconnait que cet assassinat est peu clair.
Le Comité national de la transition a rapidement accusé Mouammar Kadhafi d'avoir envoyé un commando pour éliminer le général Younès, mais jeudi à Benghazi, des rumeurs courraient sur une possible élimination de ce chef militaire par les insurgés.
Des hommes en armes ont même voulu entrer de force dans l'hôtel où le président du CNT donnait une conférence de presse, en criant « vous avez tué Younès ». Le président du CNT Moustapha Abdeljalil s'est d'ailleurs employé à désamorcer ces rumeurs, sans doute de crainte de les voir provoquer des troubles et des querelles tribales.
Cet assassinat jette en tous une ombre sur l'insurrection libyenne. S'il s'agit bien d'une opération commanditée par Mouammar Kadhafi, cela signifierait qu'il dispose d'hommes infiltrés jusque dans les structures de la rébellion. Si au contraire il s'agit d'une purge, cela peut faire craindre que de graves dissensions n'éclatent un jour au sein du CNT. Dans tous les cas, l'image d'un CNT soudé et puissant, apte à diriger le pays dans un avenir proche, vient d'être sérieusement écornée.