Le Royaume-Uni a donc décidé de sauter le pas. Même s'il participe activement aux opérations contre les forces pro-Kadhafi et cela depuis le début de la formation de la coalition internationale, le Royaume-Uni avait d'abord été réticent à reconnaître le CNT. Le rapprochement avec l’instance représentative des rebelles libyens s'est fait progressivement.
La première étape, c'était le 12 mai 2011. Le gouvernement britannique faisait alors du CNT « son partenaire principal » en Libye. Dans la foulée, une représentation diplomatique était ouverte à Benghazi, le fief des insurgés libyens. Parallèlement, le Royaume-Uni avait invité le CNT à ouvrir un « bureau de représentation » à Londres, mais ce bureau n’avait pas le statut de mission diplomatique.
Désormais, le CNT est donc qualifié de « seul gouvernement légitime » en Libye. Et il sera traité « de la même manière que tous les gouvernements du monde ». Un gouvernement, donc, avec un ambassadeur à Londres.
Dans la soirée, le vice-ministre libyen des Affaires étrangères a vivement critiqué la décision britannique, estimant qu’elle était « irresponsable » et « illégale ». Londres « viole les lois britanniques et internationales », a jugé Khaled Kaaim.
En fait, le précédent ambassadeur libyen à Londres (il représentait le régime de Mouammar Kadhafi) n'est plus en poste depuis début mai 2011. Il avait été déclaré « persona non grata » après des attaques contre des bâtiments diplomatiques britanniques à Tripoli. Ensuite, deux autres diplomates libyens avaient, eux aussi, été renvoyés chez eux pour « activités contraires aux intérêts britanniques ».
En expulsant les derniers diplomates libyens encore présents à Londres et en reconnaissant le CNT, le Royaume-Uni prend donc une décision forte. Selon le ministre britannique des Affaires étrangères, cela va de pair avec l’évolution du CNT : l’organe politique des rebelles libyens a su accroître sa légitimité, sa représentativité auprès du peuple libyen, contrairement, selon William Hague, au régime de Mouammar Kadhafi.
Parallèlement, le chef de la diplomatie britannique avait évoqué, lundi 25 juillet 2011, la possibilité que Mouammar Kadhafi reste dans son pays après avoir quitté le pouvoir. L’annonce de cette éventualité avait été interprétée par la presse britannique comme un infléchissement de la position de Londres.
Lors d'une rencontre avec le président du CNT, le Premier ministre britannique David Cameron avait également annoncé le transfert d'équipements pour les forces de police ainsi qu’une aide pour monter une station de radio, le Royaume-Uni fournissant du matériel de communication.