Le rapporteur de l'ONU craint une prochaine catastrophe humanitaire à Madagascar

A Madagascar, le rapporteur spécial pour les Nations unies, Olivier de Schutter, a mis les pieds dans le plat en annonçant que si le régime de transition est responsable de l’insécurité alimentaire qui pourrait toucher 50 % de la population, la communauté internationale a aussi sa part dans ce qui pourrait devenir une véritable catastrophe humanitaire. Aujourd’hui, plus des trois quarts de la population malgache vit sous le seuil de pauvreté fixé à 234 dollars par an, et la suspension des aides des bailleurs de fonds depuis deux ans et demi a contribué à ce chiffre alarmant.

Avec notre correspondant à Antananarivo.

Olivier de Schutter a jeté un pavé dans la mare, et les réactions à sa prise de position sont ambiguës. En réclamant que les sanctions touchant Madagascar soient réexaminées, le rapporteur spécial des Nations unies se place uniquement sur le terrain de l’humanitaire.

L’opposition politique malgache déplore évidemment la situation, mais rappelle aussitôt que si le pays est au ban de la communauté internationale, c’est bien parce qu’Andry Rajoelina s’est emparé du pouvoir sans être élu, puisqu’il a été incapable d’instituer un processus de transition inclusif et reconnu.

Calcul malsain

Sans le dire, ces adversaires du régime peuvent faire le calcul malsain que plus les Malgaches souffriront, plus Rajoelina sera mis en difficulté. Le rapporteur de l'ONU a d’ailleurs aussi pointé les responsabilités des dirigeants actuels, qui ne prendraient pas de mesures assez fortes pour protéger la population.

Ainsi, un proche du pouvoir a accueilli avec prudence l’annonce d’Olivier de Schutter, ne pouvant se réjouir de voir que c’est l’urgence de la situation humanitaire qui conduit à cette demande de réexamen des sanctions.

Reste qu’au-delà des explications ponctuelles à la pauvreté des Malgaches, le document rappelle aussi les lacunes plus profondes du pays, qui n’a pas attendu cette crise pour se débattre dans la misère.

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